Yvette, Bon Dieu !

Par Luc24

La critique  

La vie à la ferme, entre tendresse et sacrifices

Dans une ferme, à l’écart de la ville, vivent Yvette et ses deux frères ainsi que leur vieille mère qui approche de ses 100 ans. Leur quotidien s’articule autour du travail de la ferme, ses petites joies et ses contraintes. Le réalisateur Sylvestre Chatenay les a longuement suivis afin de dresser le portrait de ces agriculteurs de moins en moins nombreux et peut être un jour voués à disparaître.

Regarder Yvette Bon Dieu ! a un côté « Martine à le Ferme ». On prend plaisir à se retrouver au milieu de la nature avec tous ces animaux (du moins jusqu’à ce que Yvette les tue). Portrait d’une femme qui s’est donnée toute sa vie à son travail et l’entretient de la ferme familiale, ce documentaire qu’on pourrait qualifier d’ethnologique en dit beaucoup sur l’humanité. Au début le réalisateur filme à hauteur du sol afin de se concentrer sur les gestes de la ferme, les pieds bien sur terre. Puis petit à petit on remonte pour s’intéresser aux discours de ces villageois particulièrement attachants. C’est typiquement le genre de projet fauché, sans aucune prétention, qui parvient à nous émouvoir, à générer de la poésie l’air de rien. Comme lors d’une scène où Yvette admire un coucher de soleil et explique qu’elle n’a pas besoin de montre : elle compte avec ses doigts en se positionnant face au soleil. Yvette c’est d’ailleurs un peu la figure même de la grand-mère que l’on a tous eu ou rêvé d’avoir. Avec son tablier , ses petites manières, son accent et ses petits pics, elle revient sur une vie souvent difficile mais qu’elle a (eu) plaisir à mener. Non, l’amour n’a jamais frappé à sa porte, ni à celle de ses frères, elle n’a jamais vu la montagne, été une seule fois en ville. Mais elle a trouvé au milieu de la campagne et de sa famille l’essentiel. Le film idéal pour ramener sur terre les citadins « over stressés ».