Monsieur Jules Lemaitre disait devant un auditoire acquis à sa cause et avec un sourire méprisant que si Victor Hugo était Boum Boum, alors Lamartine était Gnan-Gnan. À travers cette parole je voudrais souligner une incompréhension qui persiste jusqu’à nos jours sur la pensée de Victor Hugo.
Pour beaucoup d’intellectuels, probablement issus de Paris, Victor Hugo est un talentueux écrivain sachant manier les écrits, mais au fond est un esprit creux. Cette attitude méprisante n’est que le reflet d’une parfaite méconnaissance de la pense de cet immense écrivain. Si l’on n’accorde pas grande importance à la pensée de Victor Hugo, cela s’explique par le fait, qu’elle ne s’accorde pas avec la pensée habituelle imposée par les intellectuels parisiens, qu’ils soient de l’époque de Victor Hugo ou de la nôtre.
L’un des fils conducteurs de cet auteur est le concept de conscience.
La conscience est le sentiment de base sur laquelle vont se greffer toutes les autres vertus, générosité compassion, etc..
La conscience apparaît dans son immense chef-d’œuvre Les Misérables. La conscience en est même l’âme et le cœur palpitant.
Si Monseigneur Digne offre les chandeliers à Jean Valjean, c’est par ce qu’il sait que ce forçat possède une conscience. Et c’est cette conscience que cet homme d’Église veut racheter.
Dans une scène suivante et qui devrait constituer une anthologie de l’âme humaine, on retrouve Jean Valjean confronté à une conflit interne poignant.
En effet Jean Valjean vient de se rende compte qu’il avait volé quelques sous au petit Gervais. Mais dans la solitude de sa conscience, il revoit toute la bassesse de son acte. Même si cet acte en soi n’est pas un grand crime, Victor Hugo à travers la contrition de Jean Valjean nous dit qu’il y a offense à la Conscience Humaine.
Ce message de la conscience, curieusement, rejoint la pensée chrétienne, même si Victor Hugo lui-même n’était pas profondément croyant.
En réalité sa relation avec la religion était basée là également sur la conscience. Hugo ne rejette pas le christianisme en tant que morale et message d’humanité, il rejette en fait les bassesses du clergé.
On retrouve également l’idée de la conscience lorsque Jean Valjean devenu riche et maire d’une ville, ne laisse pas un innocent condamné à sa place.
On retrouve de même la conscience, lorsqu’une sœur qui avait fait la promesse de dire la vérité, va mentir pour sauver Jean Valjean d’une injustice. Victor Hugo de conclure que ce mensonge la rapprochait de Dieu.
Tous les chapitres des misérables, qu’on a tort de considérer uniquement sous son aspect romanesque, sont là pour nous rappeler les souffrances humaines qui peuvent en résulter lorsqu’on étouffe sa conscience.
Fantine sera obligée de vendre ses cheveux et même sa dentition dans l’indifférence la plutôt table. Ou dans le manque absolu de Conscience.
Toutefois le manque de conscience, n’est pas l’apanage des personnes riches, il est également du côté des misérables. L’image des Thénardier et des cadavres de soldats qu’il pille, est bien une illustration de ce qu’il y a de plus vil et bas chez bien des miséreux.
À la conscience, Victor Hugo nous renvoie un autre sentiment qui est celui de l’ingratitude. Après tout ce qu’il a fait pour elle, et tous les sacrifices qu’il a consentis pour elle, Cosette, va suivre Marius dans son erreur concernant Jean Valjean.
Malheureusement les penseurs de la lumière et les penseurs actuels ont tout fait pour détruire ce que le christianisme avait apporté de bon et le remplacer par une pensée qui, si elle est séduisante, n’en demeure pas moins cynique.
Cependant, le message qui se dégage des misérables est que ceux qui ont une Conscience finissent dans la solitude de leur mort.
Pour ceux et celles qui voudraient approfondir la pensée de Victor Hugo, je recommande l’émission de l’historien Henri Guillemin :