On ne change pas une équipe qui gagne.
Profitant donc d’une visite / dégustation du côté de Saumur, la tentation était
trop belle pour pousser jusqu’à Angers, où nous avons maintenant nos (très
bonnes) habitudes. Histoire de se remettre d’un premier marathon vinique, il
fallait bien débriefer et allier plaisirs de l’assiette et plaisirs des vins.La réflexion quant au choix du lieu précis fut
(très) courte, et nous voilà une nouvelle fois au Restaurant « Autour d’un Cep » pour un nouveau dîner. Que dire par
rapport à nos dernières visites (ICI). Toujours le même accueil sympathique,
décontracté et professionnel. Toujours la même qualité dans l’assiette (j’y
reviendrai). Toujours une carte des vins laissant de belles surprises ; et
nous en avons bien profité.Sur la base d’un Menu en trois services
(entrée / plat / dessert) pour 33 €, une nouvelle
farandole pour nos sens.Amuse-bouche1/
Velouté de légumes (chou-fleur, brocoli, roquette et fenouil) au lard d’Arnad :
une synthèse presque parfaite entre le velouté (crémeux), le côté végétal
aromatique et un trait d’acidité (vinaigrée ?) en soutien.2/
Croquette de St Jacques très goûtue, notes iodées et viandées en symbiose (pas photographié).
Superbe.Merlu
de ligne mi-cuit, condiment méditerranéenServi
froid, ce plat est digne des plus grandes tables. Cuisson nacrée du poisson,
quenelle de condiments méditerranéens sublime (olive, anchois, herbes de la
garrigue ( ?), fenouil, sauce crémée légère, relevée de petits légumes
« al dente ». TRES GRAND PLATFaux-Filet
de bœuf maturé, ses petits légumes variésBelle
viande maturée, corpulente mais élégante, du goût, bien accompagnée par sa
garniture croquante et son jus réduit. De l’art d’accommoder des choses simples
pour les sublimer.Croquant
noisette du Piémont, CaramelLe
classique de la maison. Moi qui ne suis pas bec sucré au départ, « je ne
m’en lasse jamais » (RDV dans quelques mois pour vérifier l’adage)Pour
accompagner les repas, nous avons choisi :Saumur,
cuvée Jurassique 2015, domaine du Pas St Martin :
si nous avons eu une petite frayeur (toute relative) à l’ouverture (vin
mutique), une courte aération alliée à une température de service plus fraîche
à révélé un grand et beau vin. Nez minéral assez profond, avec des touches
poudrées, un fond mentholé et une impression de gras et d’aromatique. En
bouche, tension perceptible, complexifiée par une aromatique en phase avec le
plat. Puissance maîtrisée, avec cette touche des grands chenins, ce
« semi-oxydatif » que je retrouve souvent dans les blancs de Loire
(mais sans le côté Brézé ici). Du peps et de la longueur, pour une finale sur
un gras traçant, une impression glycérinée vibrante. ExcellentFaugères, Valinière
2009, Léon Barral (100 % Mourvèdre) :
robe sombre, profonde, sans aucune trace d’évolution. Le nez traduit
parfaitement le cépage. Je retrouve cette amertume élégante du Mourvèdre,
amertume toutefois « enrobée » et laissant également entrevoir une
pointe animale / viandée juste comme il faut. Un dosage sur le fil. La bouche est
à l’avenant, sur un équilibre clairement sudiste. Une belle amertume, une
structure tannique imposante qui sait rester fraîche et crémeuse. C’est (encor)
jeune mais déjà très élégant. Un « pinot du sud ». Le duel avec le
côté maturé et masculin du bœuf a bien eu lieu, pour notre plus grand plaisir. Excellent +Rivesaltes Ambré
(VDN), « Le temps d’un oubli », Domaine de Rancy (100 %
maccabeu) : robe ambrée, tuilée, fine et translucide. Découverte
d’un nez un peu sur le style « tawny », un oxydatif ménagé, des notes
complexes (noix / amandes amères / pointe réglissée) qui laisse une impression
traçante. Bouche presque jurassienne, très puissante sur la peau de noix et le
caramel, avec une fine amertume en trame de fond, l’ensemble étant complété par
une aromaticité sur les agrumes et une grande fraîcheur traçante. Finale
fraîche, sur des amers nobles, finement cacaotée. Un accord presque magique
avec le côté croquant / crémeux du dessert. Excellent +Pour
bien finir la soirée, un Highland Single Malt Scotch Whisky, The
Glendronach 12 ans (maturé dans des fûts de Pedro Ximinez [sic] et
d’Olorosso Sherry) : un single malt très puissant, non tourbé, une pointe
d’épices et de notes grillées / torréfiées. Bouche tannique mais ronde, sur les
épices, avec un complément fruité et réglissé très avenant, presque miellé.
Finale fraîche et digeste. Quelle agréable façon de terminer un repas !On
venait dans ce restaurant pour sa cuisine bistronomique, son accueil, son
service décontracté et sa carte des vins riche de belles trouvailles. Ce soir,
nous avons élargi cette palette avec des accords particulièrement réussi entre
le solide - toujours au top - et le liquide. Concerto d’aromaticité pour
l’entrée et le Saumur blanc, duel de barytons pour la viande et le Faugères, happening
à quatre mains pour le dessert et le Rivesaltes ambré, une nouvelle étape est
franchie. Et je passerai sous silence le digestif, apprécié pour lui-même en
conclusion d’une journée où nous avons vécu des instants précieux.A
très vite pour de nouvelles aventures.Bruno