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A propos de la sélection du Prix Orange du livre Africain 2019 - Commentaire d'un lecteur

Par Gangoueus @lareus
A propos de la sélection du Prix Orange du livre Africain 2019 - Commentaire d'un lecteur
J'ai eu le plaisir d'accompagner la première phase de la sélection de la première édition de ce nouveau prix littéraire. Le POLA a la particularité de sélectionner des oeuvres littéraires produites sur le continent africain. 5 comités de lecture basés dans autant de pays africains (Cameroun, Madagascar, Côte d'Ivoire, Sénégal et Maroc) se sont organisés pour lire les 59 livres présélectionnés. Le 19 février dernier, les auteurs ci-dessus ont été sélectionnés Salima Louafa (Chairs d'argile, Maroc), Pierre Kouassi Kangannou (Rue 171, Côte d'Ivoire), Youssouf Elalamy (Même pas mort, Maroc), Khalil Diallo (A l'orée du trépas, Sénégal), Yamen Manaï (L'amas ardent, Tunisie), Djaïli Amal Amadou (Munyal, les larmes de la patience, Cameroun). Emmanuel Mateteyou, lecteur, revient sur cette expérience...
En vous félicitant pour l'heureuse initiative prise par la Fondation Orange de promouvoir l'éducation en Afrique à travers le développement de la culture lettrée, je voudrais dire toute la joie, mieux encore le bonheur que j'ai eu chaque fois que je dégustais les oeuvres en compétition qui ont révélé un bouillonnement littéraire en Afrique. Ce furent des moments d'intenses délectations. Comme membre du Comité de lecture du Cameroun, j'ai voyagé et découvert des espaces magiques à travers les plumes des écrivains qui ont fait soufflé des vents insulaires (Vent d'est) qui sont le fidèle reflet des bouleversements qui ont eu cours en Afrique au nord comme au sud et qui a eu pour conséquence  la déconfiture des tissus sociaux organiques hérités des siècles antérieurs (Mourir ou mourir + Quand les cauris se taisent + Qui veut la peau des gorilles + Même pas mort). Les réalités du siècle naissant avec les nouvelles topiques et spiritualités ne sont pas oubliées et on va découvrir avec quelque pincement de coeur la crise des valeurs voire un renversement des normes, le salut étant une évasion vers d'autres espaces euphoriques ( Au secours Morphée + Coeur en location + Chairs d'argile + Au-delà des étoiles...+ A l'orée du trépas); l'exil intérieur etla recherche du mieux être ont également meublé les récits pathétiques qui ont promené le lecteur dans les différents espaces de souffrances et de recomposition des humanités perdues (Aux portes de l'enfer + L'amas ardent + Les rescapés de l'indifférence + Lune ivoirienne).
L'autre mérite de ce concours est qu'il a permis de révéler des plumes jeunes et naïves qui donnent du plaisir au texte qui plonge le lecteur dans la vie jouissive des Africains des campagnes et des villes, sans tabou. Cette écriture renouvelée donne voix aux multiples facettes du désir et du plaisir féminin à travers des propos inédits ( Munyal, les larmes de la patience + Chairs d'argile). Plusieurs textes ont un côté pédagogique indéniable en ce sens qu'ils permettent au lecteur africain de se découvrir à travers son passé afin de mieux aller à la rencontre de l'Autre (Murutingi, le sabre du refus + Les oiseaux ne meurent pas la nuit + Les rescapés de l'indifférence). J'ai particulièrement été heureux que la jeunesse ait fait l'objet d'une attention particulière à travers Talouablé, la dévoreuse de livres qui est l'histoire d'une jeune fille qui aime lire et qui sera par la suite récompensée grâce à ces connaissances acquises dans les livres. N'est-ce pas l'un des objectifs visés par la Fondation Orange? Les 59 romans, je peux le dire, ont été des occasions de convivialités littéraires intéressantes si tant est que j'en parlais à mes congénères qui brûlaient de lire ces textes. Pour cette réalisation, je dois dire toute ma gratitude à la Fondation en tant que Professeur de didactique de la littérature francophone. Avec ce prix, la Fondation Orange veut tordre le cou à cette idée saugrenue qui veut que si vous voulez cacher quelque chose à un Africain, il faut la mettre dans un livre. Vivement que de meilleurs jours fleurissent l'initiative de la Fondation Orange. 
Pr Emmanuel MateteyouEnseignant et critique littérairePhotos auteurs - Copyright Gangoueus, Photo Yamen Manaï (source Elyzad)

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