A Paris, dans le beau passage des Gravilliers (une oeuvre d’art à lui tout seul, du street artist unSolub), Sylvain Ciavaldini expose à la Galerie Sator jusqu’au 30 mars: « Un bruit sourd précède le silence ». 14-19h.
Du dessin jusqu’à plus soif! Ce Sylvain Ciavaldini dessine patiemment, minutieusement, longuement, largement!… On s’approche de ses oeuvres. Oui, c’est bien du crayon. On s’éloigne. On hoche la tête. Ce pourrait vraiment être une photo. Mais qu’est-ce qu’on est content que ce soit une mine qui a tracé ces grandes images! Pourquoi contents? On ne sait pas trop pourquoi. Parce que cet artiste a passé beaucoup beaucoup de temps et de sueur à créer tout ça? Ridicule. La valeur d’une oeuvre d’art ne tient pas aux heures passées (même si on est en admiration devant le boulot accompli!). Alors?
J’ai l’impression que ces immeubles ruinés et tous ces tas de gravats, en quelque sorte, n’en sont plus. A partir du moment où ils sont représentés sur la feuille de dessin. Ils deviennent l’équilibre instable de nos existences, ils deviennent nos interrogations sur l’éphémère et sur l’impermanence. L’émotion me paraît plus forte que si c’était une photo. Les traits de crayon frappent à notre porte et nous réveillent.C’est bien sûr du noir et blanc. Mais Sylvain Ciavaldini ajoute parfois des touches de peinture colorée sur les murs effondrés, tels des papiers peints qui seraient restés en vie dans ces décombres. Frappant! (Et ambigu, car on croit à des collages) Et il laisse parfois aussi en réserve des blancs, tels des rubans qui s’infiltrent dans les ruines. Etrange et merveilleux!Moi je vous le dis! On sort de là tout chose! L’artiste a joué avec nos certitudes: photo ou dessin? Peinture ou collages? Et ce monde qui dégringole, ce passé qui meurt, ces constructions auxquelles on croyait qui ne sont plus que débris… Pourquoi?
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