Emmanuel Macron se rêve en grand scénariste de l'Europe et n'hésite pas à enfiler la panoplie du sauveur. Mais c'est en réalité le rôle du pompier-pyromane qu'il endosse. Il n'est pas l'antidote à Salvini-Le Pen. Le néolibéralisme qu'il défend et le nationalisme qu'il prétend pourfendre, loin de se combattre, se mettent en scène et se nourrissent l'un l'autre. Ce n'est pas un duel, c'est un duo, un mano à mano dangereux qui phagocyte le débat sur l'avenir de l'Europe.
Emmanuel Macron est un piètre réalisateur en Europe. Que pouvons-nous en effet retenir de son action ? Un accord minimal sur les travailleurs détachés, un micro budget de l'Union européenne, l'échec de la fusion Alstom Siemens, une sortie du glyphosate renvoyée à cinq ans et rien sur la taxe Gafa, rien non plus sur l'Asile.
Comme à l'accoutumé, le Président à l'art du double langage. Sur les traités commerciaux qu'il approuve, il évoque aujourd'hui la nécessaire souveraineté de l'UE et, " dans le même temps ", impose des accords de libre-échange avec le Mercosur, le Japon ou le Canada. Quid de la protection des Européens contre le dumping social, environnemental et de notre souveraineté alimentaire ?
Comment Emmanuel Macron peut-il prétendre avec crédibilité faire en Europe ce qu'il a défait en France ? Sur le bouclier social, il ne cesse d'affaiblir les protections, il démantèle les droits des travailleurs et s'est opposé au niveau européen au montant d'indemnisation garanti des congés paternités, parentaux et pour aidants. Sur le Pouvoir d'achat, il refuse d'augmenter le SMIC, ne s'attaque pas aux rémunérations excessives et supprime l'ISF. Il parle encore de défendre nos libertés et fait voter la loi anti-casseurs qui porte atteinte aux libertés publiques comme le droit de manifester.
Par ailleurs, il y a toutes les impasses, inquiétantes, d'Emmanuel Macron : rien ou si peu sur la justice fiscale, rien sur la démocratisation des institutions, rien non plus sur l'investissement pour le climat, rien sur l'austérité et les 3%, etc.
Emmanuel Macron veut se réapproprier la Renaissance, qui fête ses 500 ans en Europe. Or ce mouvement a d'abord été celui des idées, de la culture, des mobilités. Or tout du long de sa lettre, il ne dessine rien. Il ne propose aucune nouvelle odyssée pour les européennes et les européens.
Il ne suffit pas de mots empruntés parfois aux progressistes pour être progressiste. Les actes du président Macron sont à rebours de ses belles paroles. Ce dont l'Europe a besoin ce n'est pas d'une nouvelle illusion libérale, d'un néo-giscadisme, mais d'un nouveau contrat social, environnemental et démocratique.
Premier secrétaire du Parti socialiste
Secrétaire national à l'Europe, porte-parole