L'oreille du spectateur est alertée par le premier non-souvenir qui parle à chacun de nous puisque c'est le "fameux" vase de Soissons dont nous ne sommes pas plus que lui complètement certain de l'histoire.
L'auteur, journaliste et romancier, dévide le fil de ses pensées et nous livre un auto-portrait en creux et chronologique, depuis l'enfance jusqu'à sa vie d'adulte sans occulter bien entendu la découverte de la sexualité, ni craindre d'exposer ce dont il ne tire aucune fierté : voici comme je suis, débrouillez-vous !
On écoute avec attention en étant traversé de multiples émotions, y compris la joie parce que l'humour est bel et bien présent, juste avant que la parole ne bascule dans une confidence plus sombre. On se croit préservé dans notre fauteuil mais on est assailli de questions. Pourrions nous faire resurgir notre visage d'enfant ? Est-il vrai que les souvenirs ne peuvent pas tenir lieu d'expérience ?
C'est un bel exercice de style mais c'est tout autant un beau jeu d'acteur. La vivacité de l'interprétation de Christophe Dellocque ne laisse pas la salle en repos.
On est tenté un instant de nous livrer à l'exercice ... On en ressort en s'interrogeant sur ce qu'on retient de notre propre vie, ignorant que nous sommes de notre premier souvenir.