Vendredi dernier, 130 000 élèves d'écoles, certaines écoles depuis plusieurs vendredis, ont marché en faveur de mesures urgentes afin "réparer" les bobos qu'on fait à notre planète. Partout dans le monde, on l'a fait. Pensez-y beaucoup plus disaient-on.
Greta Thunberg, une jeune suédoise de 15 ans, a présenté, l'an dernier, un audacieux discours sur nos rapports à l'argent et au climat. Cette marche en était un écho.
Par le passé, j'ai travaillé à la cinémathèque Québécoise. Coin Maisonneuve, à un jet de pierre de la rue St-Denis*. Difficile de faire plus Centre-Ville. Un job que j'ai adoré. On y croisait une jungle formidable. On y présentait des passions cinématographiques à moi, et j'y travaillais.
Tard le soir, on croisait à l'occasion de véritables poqués de la vie. Comme l'endroit était assez chic, notre travail nous amenait à les expulser poliment des lieux si ils ne venaient pas consommer un film ou fréquenter une exposition.
Un soir, un jeune homme de mon âge, en train de sombrer dans l'overdose, s'est pointé au comptoir que j'opérais. Un gars des bureaux, l'actuel directeur des communications et du marketing de l'INIS, l'.école que je fréquentais alors, était sorti des bureaux et était venu à notre rencontre en avant. Le pauvre jeune homme ne tenait plus debout, je l'ai assis. J.H., le gars de bureau, m'a d'abord suggéré de l'expulser. Mais il était évident que ce jeune homme, une fois relancé dans la rue, se dirigeait vers le long sommeil dont on ne se relève pas. Il ne cessait de vouloir s'endormir d'ailleurs.
Je suis resté longtemps en sa compagnie afin de la garder réveillé. Ma manière de gérer la situation a même épaté J.H. qui a appelé des renforts public afin de sauver le jeune homme. Je ne lui ai pas dit que des situations du genre, j'en avais connu d'autres.
Dans l'attente, je ne cessais de parler au jeune homme et m'assurait qu'il resterait éveillé. Il me répondait à l'occasion, mais en somme, restait affreusement confus. On parlait de banalités. Mais quand il a gardé son attention vers moi un peu plus longtemps, je lui ai glissé quelques phrases qui visaient à le réenligner vers de meilleurs choix. Il me multipliait les "merci, man". Quand une ambulance s'est présentée sur les lieux pour le récupérer, J.H. m'avait, lui aussi, donné son "merci, man". Il m'avait félicité pour ma gestion de la situation.
Toutefois, pas moins d'une semaine plus loin, l'exact même scénario se produisait. Le même individu. Le même type d'overdose en cours. Non fatale, de toute évidence. Cette fois nous étions trois pour l'entourer. Les deux autres le moralisaient beaucoup. "La vie vaut la peine d'être vécue, il ne faudrait pas se comporter comme ça" et gna gna gna. Same shit, different day. Je me rappelle alors m'être justement rappelé qu'il sera toujours extraordinairement difficile de converser avec les drogués. Qu'une fois le bec sucré, il sera toujours compliqué de leur retirer l'envie du candy. Qu'il n'était pas vain de tenter de raisonner l'intoxiqué, mais qu'il ne fallait pas compter beaucoup sur le taux de réussite si on voulait les convaincre d'un nouveau style de vie.
Investir dans les comportements est extraordinairement laborieux.
La nouvelle drogue est très commune. Il s'agit de l'argent. Affreusement toxique.
Investir dans les comportements favorables à la lutte aux changements climatiques n'est pas payant pour un gouvernement. Nous n'avons plus au que des gens d'affaires (Trump, Legault) et des techniciens du marketing de l'image (Trudeau). Aux États-Unis, on s'enflamme pour Beto O'Rourke, un candidat démocrate (un 115ème) pour la présidentielle de 2020, plein de...vide. Il parait bien, sa femme est suspendue à ses lèvres quand il cause à la télé, il inspire les gens qui ne carburent qu'aux impressions, mais dans le contenu, il ne montre pas grand chose.Il n'est qu'image. Marketing.
Les comportements humains, de nos jours, sont tristement, nettement et presqu'exclusivement dirigés vers tous ce qui fera (ou pas) de l'argent. On l'a encore vu la semaine dernière dans les places de stationnement promises pour la construction du REM, à Montréal, on en a soustrait près de 5500 au profit de projet$ immobilier$ et on a tout de même tenté de nos convaincre pendant 2 jours que -5500 ne sera pas une perte pour le citoyen. Faut être crétin comme ce n'est pas permis pour nous faire avaler de telles couleuvres.
Cette nouvelle a été effacée comme on tasse une image sur tinder et vendredi l'actualité ne parlait plus que de la folie en Nouvelle-Zélande, qui supprimaient encore 49 innocents musulmans et par la marche en faveur des décisions favorisant les climats locaux et mondiaux.
130 000 élèves d'écoles ont fait l'école buissonnière afin de manifester en faveur des luttes contre les changements climatiques. Partout dans le monde, on l'a fait.
Nos politiciens ne trouvent pas payant ce type de lutte. Ils n'est pas vain de tenter de changer les comportements des élus là-dessus. Même Trudeau, faussement écolo, troquera l'énergie verte pour une pipeline puant le pet.
Mais changer les comportements humains restera toujours extrêmement laborieux.
À ce niveau, c'est noble de jaser climat tout le monde ensemble, mais c'est aussi avoir une conversation avec des drogué(e)s. De pures intoxiqués de l'argent.
Où une écoute polie de leur part, une condescendance assumée sur la jolie jeunesse et de fausses promesses resteront les plus plausibles des résultats.
Un drogué ne se corrige pas facilement.
Il faut prendre garde de ses types de drogués.
Il se tuent, mais tuent encore plus facilement.
Vendredi, le monde prenait garde.
*Nooooooooon ce n'est pas l'ONF! C'est un partenaire de l'ONF, un coin de rue plus loin.