Jadis, il était de bon ton de persifler l’allié radical du parti socialiste dont les ardeurs militantes se satisfaisaient d’une cabine téléphonique, espace commode pour y tenir les congrès au cours desquels les motions des courants en lice pour la direction étaient rédigées de la même main. Les cabines téléphoniques ont depuis disparu. Il en subsiste quelques exemplaires, pas encore effacées des paysages, parfois aperçues à l’intersection routes départementales de ce que les aménageurs nomment avec une forme de désespoir condescendant, la ruralité profonde. Il faut résolument les conserver, elles ont plus qu’un rôle à jouer dans la muséographie de l’aménagement du territoire.
Dans un clin d’œil dont il est le seul à mesurer la dimension pathétique, le parti socialiste toujours à la recherche de la martingale qui le ferait passer pour rassembleur offre la première place au leader maximo de Place publique, Raphaël Glucksmann. Pas content du tout, un des trois membres de sa direction, l’économiste Thomas Porcher, claque la porte du mouvement au motif qu’il ne souhaite pas « servir de caution de gauche au PS ». Sait-il qu’une caution doit toujours être restituée ? Les cabines téléphoniques rescapées sont plus que jamais nécessaires à la démocratie. La tête de liste de la PS-Place publique pourra en faire le symbole de sa campagne prochaine en vue des Européennes et de leurs avantageux résultats. Puisque Place publique estime être en capacité de ramener le PS à la Gauche, soyons bon enfant en n’exagérant pas notre déception : il fallait bien une première pierre pour reconstruire le PS !
En l’honneur de cette prodigieuse alliance entre deux poids sourds aux attentes citoyennes, soumettons l’idée de voir ces cabines colorisées en rose. A défaut de la vague attendue, nous aurons au moins la nostalgie du Minitel. Vive l’imagination innovante du parti socialiste qui s’est plus d’une fois coupé en quatre pour nous séduire !