« 40 ans après » La photographie, au Cambodge aujourd’hui

Publié le 16 mars 2019 par Elisabeth1

Jusqu'au 17 avril 2019
La Filature, la scène nationale de Mulhouse, présente
dans sa galerie la scène photographique contemporaine
du Cambodge. Cette exposition proposée par la directrice
de la galerie, Emmanuelle Walter, est orchestrée de main
de maître parChristian Caujolle qui a créé le festival
Photo Phnom Penh en 2008.

En 2008, Christian Caujolle crée le festival
Photo Phnom Penh
. Chaque année, il expose des photographes
cambodgiens et occidentaux. Il tient aux croisements des regards
et aux échanges entre les continents. Il connaît parfaitement la scène
artistique cambodgienne : avec la danse et le cinéma, la photographie
est un des domaines les plus dynamiques.
Christian Caujolle est un passeur, il a une longue histoire avec
la et le Cambodge où il a enseigné la photographie.
En 1996, à ses débuts il y en avait 2, ajourd'hui il présente
une sélection de 5 photographes. Il a créé le Festival de la
photographie de Phnom Penh, il y a 10 ans.
Christian Caujolle :
personne ne peut vivre de la photo,
dans ce pays, mais à chaque voyage, je sélectionne des
dossiers et mets un point d'honneur à présenter un
photographe dont ce sera la première exposition.

Il y a 40 ans au Cambodge
Le 17 avril 1975
, les soldats khmers rouges
entrent dans Phnom Penh et, en trois jours, vident la ville
alors habitée par un million et demi de personnes.
En dehors de quelques fonctionnaires et dignitaires du
régime, la capitale devient une cité fantôme jusqu'à ce
que les troupes vietnamiennes en prennent le contrôle
le 17 janvier 1979. Ils trouvent une ville dégradée, sans
électricité, aux rues défoncées dans lesquelles ont poussé
des arbres, des immeubles dévastés.
Tous les photographes de cette exposition sont

issus de cette " histoire "-là.


Mak Rémissa a cinq ans au moment où les Khmers rouges
entrent dans Phnom Penh. Il est aujourd'hui le plus connu
de photographes cambodgiens. Il est le seul témoin de la
période des années 70, il a été interné dans un camp
d'enfants, tout petit. Cette période de sa vie dont il n'a jamais
parlé, et dont il ne parle pas, a donné lieu a un travail,
touchant et émouvant, de composition.


Il a créé des petites scènes de silhouettes de papier découpé,
qui sont des reconstitutions de scènes dont il avait vaguement
le souvenir, lors de l'invasion de la ville de Phnom Penh
par les vietnamiens, les gens qui fuyaient dans les rues, qui
sortaient des hôpitaux avec des perfusions.
De façon étrange, il fait brûler des noix de coco, sur la terre,
dans le jardin de sa mère, créant une fumée, qui enveloppe
les silhouettes, composant une atmosphère insolite dans
ses photographies.
Il est représenté par la Galerie Lee à Paris.

Philong Sovan ré-éclaire avec le phare de sa petite
moto les personnages et les scènes qu'il découvre la nuit
dans les rues cambodgiennes. Il est né en 1986 à 70 km
de Phnom Penh, dans une famille très modeste.
Comme la plupart de ses camarades, il exerce de petits
métiers pour payer ses études.
Il est représenté par la Galerie Lee à Paris.

Sophal Neak est née en 1989 dans un village de la
province du Takeo, dans une modeste famille de
riziculteurs. On ne voit pas les visages de ceux qu'elle
photographie, elle les fait poser en cachant leurs visages
derrière l'objet de leur travail ou de leur commerce.
Elle dit que l'homme n'est rien d'autre que l'activité
qu'il exerce, qu'il ne pourra s'extraire de sa condition,
de son milieu. Elle est représentée par la
galerie Les Douches à Paris.


Ti tit est né à Battambang en 1991. Il est adepte des
réseaux sociaux comme toute la jeunesse cambodgienne,
et tient un blog. Il poste des images avec lesquelles il joue.
Il est à la fois engagé, ironique, tord le vrai et le faux.
Il n'hésite pas à évoquer avec sa photographie des sujets
tabous au Cambodge comme la sexualité.
Il se prend lui même comme modèle, écrit sur son corps,
questionne la jeunesse et son identité.


Sokchanlina Lim
est né en 1991. Il vit et travaille à
Phnom Penh. Dans la série présente à Mulhouse,
il installe dans la nature une grande plaque de tôle.
Deux formes de beauté s'affrontent : celle de la nature libre
et mouvante et celle du métal façonné par l'homme.
Il parle peut-être des obstacles posés par l'homme qui ne
peut plus circuler librement dans un monde entravé par
les problèmes migratoires, climatiques et économiques.
Les photographies sont présentées en grand format et
en vidéo.
" 40 ans après. La photographie au Cambodge aujourd'hui "
l'exposition sera présentée du 30 juin au 25 août 2019 à la
Galerie La Salle des Machines, à la Friche la Belle de Mai
à Marseille.

Brigitte Patient, Chroniqueuse à France Inter était
présente au point presse à Mulhouse, vous pouvez écouter
sous ce lien Regardez, voir le podcast du compte rendu.

Exposition à voir absolument

horaires d'ouverture de la Galerie
(entrée libre)
du mardi au samedi 11h-18h30 +
dimanche 14h-18h + les soirs de spectacles
La Filature, Scène nationale - Mulhouse

Signaler ce contenu comme inapproprié