Cette incroyable sculpture nous accueille à l'entrée de l'exposition Océanie qui vient d'ouvrir ses portes au musée du Quai Branly-Jacques Chirac.
Présente également dans l'exposition de Londres de l'automne dernier (déjà évoquée dans cette note), ce "tiki" découvert dans un marécage du nord de la Nouvelle-Zélande semble être un des très rares chaînons entre le style des oeuvres de Polynésie occidentales et le style si particulier des Maoris.
Il faut dire que cette oeuvre est très ancienne (XIV - XVème siècle) et témoigne peut-être du mouvement de peuplement de la Nouvelle-Zélande, venu de l'est.
Elle fait bien sûr écho à une autre et très célèbre sculpture, offerte à James Cook en 1769 à Tahiti, et devenue, entre autres, l'emblème du Museum of Archeology and Anthropology de Cambridge.
Cette figure représentant deux personnages et un quadrupède, était probablement, comme la précédente, une sculpture destinée à surmonter une porte d'entrée vers un lieu sacré étant donné le caractère d'invulnérabilité et la charge potentielle de mana qu'on peut lui prêter.
Et cette entrée, est ici en l'occurence, celle d'une exposition qui veut rendre compte du grand Océan et des cultures du Pacifique sud ! Ces sculptures dont les styles ont parcouru des miles dans les mains et la tête de sculpteurs émérites font écho aux pirogues dont la finesse laisse entrevoir la fragilité mais aussi la force de volonté de l'espèce humaine, poussée vers des contrées inconnues malgré la peur de ce lieu gigantesque, terre des ancêtres et des esprits, matrice de mythes et de récits fabuleux, étendue informe et multiforme capable des pires déchaînements.
Avec ses 200 oeuvres, Oceanie nous offre ainsi un beau périple.
Photo 2 : Sculpture © MAAA Cambridge, D. 1914.34.
Photo 3 : Pirogue de Wuvulu, Museum für Volkerkunde de Hambourg, E2787.
Le titre est tiré d'un vers de Brise marine de Stéphane Mallarmé.