Myriam est plutôt détendue, même si elle sait qu'aujourd'hui, Théo doit partir en week-end avec "l'autre". Plus l'heure approche, plus elle devient bavarde.
Assise à la table de la cuisine de chez sa mère, elle discute avec son frère, avec sa belle-soeur, tandis que je suis dans le salon en train de regarder la télévision avec mes deux cousines Céline et Virginie, qui se font la tête depuis quelques minutes pour une histoire de poupée que l'une n'a pas voulu prêter à l'autre...
Myriam parle avec sa famille, Eléonore, la plus petite de mes cousines sur les genoux. L'heure approche. Je décide donc de me rendre dans la cuisine pour rejoindre ma mère... Pour passer quelques instants avec elle...
Puis le klaxon retentit. A ce moment, Myriam se lève et m'aide à me préparer. Tendre, douce.
- N'oublie pas ton livre mon chéri...
Je l'embrasse très fort pour lui dire au revoir
- A Dimanche soir, maman...
Puis j'embrasse ma grand-mère, mon grand-père, ma tante, mon oncle, Céline, Virginie, Julie et Eléonore... Puis encore une fois ma mère...
- A Dimanche mon coeur...
La porte se referme. Myriam baisse les yeux, soupire. Puis elle reprend une bonne respiration afin de dissimuler son inquiétude et son chagrin face à ses parents.
Une heure plus tard, Myriam décide de rentrer...
- Bon, maman, je vais rentrer, j'ai encore quelques courses à faire...
- Tu ne veux pas rester dîner avec nous ?
- Non, maman, merci, mais je dois rentrer. J'ai des dossier en retard, je vais profiter de ma soirée pour travailler...
Céline, âgée de 10 ans, et qui adore Myriam, (c'est sa tata adorée comme elle dit), s'agrippe à son pantalon...
- Tata, ma tata... Tu m'avais promis qu'un soir je pourrai dormir chez toi... tata, ma tata adorée, je peux venir...
Sa soeur, Virginie, âgée de 8 ans, extrêmement jalouse de sa soeur, profite de la situation pour taquiner sa grande soeur.
- Moi aussi tata, tu me l'avais dis... hein tata tu me l'avais dis...!
Christine, leur mère, vient interrompre le brouhaha :
- Eh ! les filles, non ! vous laissez votre tante tranquille ! C'est pas le moment de régler vos comptes à toutes les deux... Vous avez entendu, elle a du travail ! Elle ne va pas devoir vous supporter toute les deux en plus !!!
- Mais maman...!
- Mais ça ne me dérange pas Christine... Effectivement, je leur
avais promis, qu'un week-end, quand Théo serait chez son père de les
prendre avec moi..
- Oh oui ! Oh oui !!! Oui ! mais moi toute seule !
- Les filles...!
- Si cela ne te dérange pas, et si ça ne dérange pas Pierre non
plus, je veux bien les prendre avec moi ce week-end... on se fera une
soirée télé-pyjama entre filles...!
- Oh oui ! Oh oui !!! Oui !!!
- Non, ça ne me dérange pas, mais... les filles, allez demander à votre père...
Après l'autorisation de leur père, les deux petites se précipitent pour préparer leurs affaires et jouets, afin de partir avec Myriam et passer le week-end avec elle. Oubliant le contentieux qu'il y avait entre elles deux. Les deux fillettes ennemies il y a une heure pour une histoire de poupée, sont maintenant liées pour passer une merveilleuse soirée avec leur tata, loin de leurs parents.
Toutes les trois, elles décident de préparer leur soirée... Myriam les emmène faire des courses pour la soirée... Au programme : croque-monsieur maison, salade, glace et location du dernier Walt Disney "La petite Sirène"...
Myriam est heureuse de cette petite soirée improvisée. Depuis le départ de Joséphine, les week-ends sont encore plus difficiles lorsque Théo part avec "l'autre". Cette fois-ci, avec la compagnie des deux petites, l'attente jusqu'à dimanche sera moins pénible.
La soirée se passe divinement bien. Un vrai havre de paix pour Myriam... Si bien que la plus petite s'est endormie avant la fin du film sur ses genoux...
Il est maintenant près de 23 heures, le générique du film défile sur l'écran de la télévision, et il est temps pour les fillettes d'aller se coucher... Myriam chuchote à Céline :
- Ma chérie, je vais coucher ta soeur. Tu dormiras avec elle dans mon lit, tandis que je dormirai dans la chambre de Théo...
- Oui tata. (répond-elle tout en se frottant les yeux déjà pleins de sommeil.) Mais tu pourras laisser la porte de notre chambre ouverte. Maman a l'habitude de laisser notre porte ouverte quand on dort.
- Bien sûr ma chérie...
Les enfants couchés, Myriam s'accorde un petit moment de solitude. Elle boit une tisane et fume une dernière cigarette à la fenêtre de la cuisine avant d'aller, elle aussi, se coucher. Elle regarde la lune briller dans la nuit épaisse. Elle est pleine cette nuit. Elle songe que cette année, ce n'est pas comme l'an passé... ce n'est pas une année aux treize lunes...C'est-à-dire aucun mauvais augure à présager...
Elle écrase sa cigarette. Lave sa tasse. Eteint la lumière. Dans l'obscurité, elle tâte les murs pour se diriger vers la porte d'entrée et vérifier si le verrou est bien enclenché. La porte était restée ouverte.
Elle ferme aussitôt la porte à double-tour, puis continue à se diriger dans l'obscurité pour gagner la chambre de Théo. Elle ne veut pas allumer la lumière car la porte de la chambre des filles est restée ouverte, et la lumière du couloir risque de les réveiller. Dans le noir total, elle entend juste ses pieds nus qui se colle sur le balatum sous chacun de ses pas. A tâtons, elle trouve la porte de la chambre de Théo. Elle pénètre à l'intérieur et referme la porte derrière elle. Elle allume la pièce pour se mettre dans le lit. Elle voit cette pièce vide. Elle voit la chambre de son fils. Elle reste ainsi quelques instants songeuse, puis décide de se coucher.
Très vite elle s'endort. Très profondément. Elle dort. Dans le lit de son fils.
Alors que Myriam est plongé dans un profond sommeil depuis quelques heures, elle se réveille soudainement en sursaut par un bruit sourd et violent qui vient de l'appartement. Assise dans le lit, elle écoute attentivement pour savoir d'où vient exactement le bruit. Est-ce les fillettes qui ont un problème ? est-ce un voisin qui rentre très tard ?... elle attend... il est 4heures du matin.
Quelqu'un frappe très fort à la porte de l'appartement...
(A suivre)