Un défilé de mode au siège de Nordea à Copenhague, des espaces de détente, avec consoles de jeu, tables de ping-pong, cabines de sieste… dans les locaux de Danske Bank à Vilnius, un service de conciergerie à bord d'une navette de bus assurant la liaison avec le site distant dune banque américaine… Autant de tentatives désespérées de séduire et fidéliser les talents informatiques qui fuient le vieux secteur financier…
Convaincues qu'elles se transforment rapidement en entreprises technologiques, les banques sont de plus en plus nombreuses à s'inspirer des méthodes des startups et des géants du web pour rester concurrentielles sur le marché du travail, où elles se battent férocement contre eux pour attirer, recruter et conserver les bataillons de développeurs et autres spécialistes informatiques dont elles ont besoin pour exécuter leurs plans de transformation « digitale » et continuer à satisfaire leurs clients à l'ère numérique.
Or, parce que la qualité de vie au travail et l'importance de l'aménagement des immeubles de bureaux et des services extra-professionnels sur celle-ci sont depuis quelques mois sous les feux des projecteurs médiatiques, et parce que les entreprises technologiques n'hésitent pas à mettre en avant leurs efforts dans ces domaines (aussi pour attirer les collaborateurs), entre autres à travers des reportages sur leurs locaux, ce sont ceux-là que les grands groupes ont tendance à vouloir répliquer en priorité.
Sans minimiser la valeur d'un lieu de travail où ils se sentent bien et ont donc toutes les chances d'être plus productifs, ce serait prendre les salariés pour de grands enfants que de croire que ces gadgets suffisent à les conquérir. Et l'affirmation relayée dans l'article de Reuters, selon laquelle plus de trois quarts des « millenials » privilégieraient l'environnement de travail sur le salaire est une insulte au bon sens : demandez-leur s'il préfèrent 500 euros supplémentaires par mois ou un baby-foot au bureau !
Il ne faut pas perdre de vue que, quand, par exemple, Google – à défaut d'héberger des défilés de mode – déploie des cabines de relaxation, des salles de jeux, des navettes de bus gratuites, la nourriture à volonté…, ce ne sont là que des appâts supplémentaires qui viennent en complément de l'essentiel. Car la principale promesse que font ces entreprises du web aux candidats à l'embauche et qu'elles essaient de tenir dans la durée est – évidemment – l'intérêt du poste et du rôle qu'elles ont à leur proposer !
Qu'il s'agisse de mettre en œuvre au quotidien les dernières innovations logicielles, de trouver un sens et une raison d'être aux activités qui lui sont confiées, de voire concrètement le fruit de son travail changer (un peu) la vie des utilisateurs… ce sont là les vrais critères qui comptent quand un jeune (ou moins jeune) que l'entreprise aura envie de recruter choisit un emploi… ou se tourne vers un statut indépendant (et va peut-être, dans les deux cas, surtout apprécier la possibilité de travailler à domicile !).
Les banques auront beau afficher les avantages annexes les plus mirobolants, si elles continuent à offrir à leurs équipes informatiques un environnement technique contraint, dans lequel seuls des outils plus ou moins anciens sont tolérés, des projets déconnectés des besoins des clients, au sein desquels personne ne cherche à leur donner une vision d'ensemble, elles n'auront aucun espoir de séduire les stars dont elles ont grand besoin et se retrouveront avec les collaborateurs uniquement motivés par la salle de repos !