Pointe Noire est la capitale économique de la république du Congo. C’est le grand port sur lequel débouche le Chemin de Fer Congo Océan. C’est au large de Pointe Noire que l’essentiel du pétrole congolais est pompé et file vers d’autres horizons. Pointe Noire inspire les artistes comme Mabanckou pour ses lumières ou KHP pour ses dessous…
On m’a fortement recommandé la lecture de cette bande dessinée lors de sa parution. Le sujet n’est pas nouveau. Deux femmes quittent Brazzaville pour Pointe-Noire. L’objectif est simple : Harponner délicatement un de ces Blancs qui travaillent sur la côte Atlantique congolaise pour être entretenue et qui sait, en tombant sur le bon numéro, pourquoi partir vers d’autres cieux. Ne tournons pas autour des mots, il est question de prostitution sans nuance sémantique. Naomie et Evline sont déterminées. Leurs clients sont immigrés français ou occidentaux ou encore de riches ressortissants ouest-africains.
L’une d’entre elles aborde Laurent, un expatrié un peu paumé, sortant d’un divorce et très différent de la plupart des membres de sa communauté. Bon, il y a un côté Pretty woman à Pointe-Noire et un volet Zone 4 qui décrit un milieu similaire à Abidjan dans le roman d’Eric Bohème.
Mon avis :
C’est une belle bande dessinée avec un type de dessin très précis. Le noir et blanc choisis par KHP sont très monotones. Peut être que l’approche sied au sujet traité qui est assez lourd. J’avoue que c’est un style original. Il y aura les pour et les contre. Les dialogues tiennent la route. Sur plusieurs BD produites par des subsaharéens, j’ai observé parfois ce décalage entre le dessin et le scénario. Maintenant j’ai eu une très gros difficulté. Celle de différencier les deux personnages centraux de la BD à savoir Naomie et Devline. Du début jusqu’à la fin j’ai peiné à les identifier. Il faut dire que certaines images sont très explicites pour ne pas dire très crues sur le métier qu’exerce ces jeunes femmes sans qu’on aille jusqu’à la pornographie. KHP a une bonne connaissance de son sujet. Ces dessous de Pointe Noire rappellent la toute puissance des immigrés français en Afrique. Le racisme et la condescendance sont le partage de beaucoup. KHP apporte une nuance importante au travers du personnage de Laurent qui est très intéressant. On reconnait la vie en vases clos des français en Afrique. Rarement en contact avec les populations locales si ce n’e sont les call-girls, le personnel domestique ou quelques employés sur le lieu de travail. La trame est totalement crédible et son dénouement intéressant et douloureux.
KHP, Les dessous de Pointe NoireEditions L'Harmattan, première parution en 2018