Fête du Court-Métrage, jour 1 : le drame.
Bonjour Billy et bienvenue au 7ème Café ! Du 13 au 19 mars, la France organise la Fête du Court-Métrage, un évènement national à la portée internationale qui a pour but de faire découvrir ou redécouvrir le format court. Plus de 190 films, 4000 lieux et 35 villes partenaires, des animations, des projections, des débats… Pour tout savoir et connaître ce qui se passe près de chez toi, je t’invite à aller visiter le site officiel : https://www.lafeteducourt.com/. Pour nous, ça va être l’occasion de faire un petit tour chez les moins de 30 minutes : 7 jours, 7 courts, 7 genres et styles différents. Pour entamer cette semaine d’expressos, on va se tourner vers Fauve, un récent court-métrage canadien.
Les courts-métrages, ce sont des petites durées, des petites histoires, des petits budgets, mais ce sont surtout des grands films. Et à ce titre, ils méritent d’être récompensés d’égal à égal avec les longs-métrages. Cela, les Oscars l’ont bien compris puisqu’ils décernent chaque année l’Oscar du Meilleur Court-Métrage en Live-Action et l’Oscar du Meilleur Court-Métrage d’Animation depuis 1931, ainsi que l’Oscar du Meilleur Court-Métrage Documentaire depuis 1941. Et puisque nous sommes encore dans le mois des Oscars sur le blog, comment mieux introduire la Fête du Court-Métrage qu’avec un des nommés à la 91ème Cérémonie, Fauve ?
C’est aussi l’occasion de rappeler que le format court est aussi la catégorie où la France et la francophonie – comme le Québec pour le film d’aujourd’hui – continuent de briller en étant régulièrement nommées un peu partout, quand les longs-métrages peinent à dépasser nos frontières. Et force est de constater que oui, le cinéma francophone regorge encore de talents insoupçonnés !
Prix Spécial du Jury au Festival du Film de Sundance 2018 (la grand-messe du cinéma indépendant), Fauve raconte l’histoire de deux gamins insouciants (Félix Grenier et Alexandre Perreault) qui jouent au milieu d’une jungle de ferraille où ils sont poursuivis par des monstres à moteur. Plus précisément, une rame de train abandonnée et une mine à ciel ouvert où ils n’ont rien à faire et où un tracteur interrompt soudainement leurs pérégrinations vagabondes. Mais en fuyant les problèmes, ils pourraient bien passer de Charybde en Scylla…
Le court-métrage de Jérémy Comte mise principalement sur ses deux jeunes acteurs, Félix Grenier et Alexandre Perreault, pour transmettre les émotions intimes et profondes de son histoire. En dépit de leur jeunesse, les deux gamins sont bouleversants, et leur performance est d’autant plus étonnante qu’elle ne s’étale que sur 15 minutes, un petit quart d’heure qui nécessite de toucher les bonnes cordes exactement au bon moment pour réussir à nous attacher à ces gosses et prendre part à leurs aventures. Fauve m’a fait sourire et larmoyer, m’a réjoui et dévasté, preuve s’il en fallait que même un petit film peut provoquer de grandes émotions.
Le film est aussi servi par une cinématographie à couper le souffle, tout particulièrement lors des scènes se passant dans les montagnes de gravats de la mine à ciel ouvert. Les plans en fondu et les zooms jouent sur les proportions, et une ridule infime semble devenir une immense crevasse où les garçons manqueraient de tomber abruptement, où un lac balayé par les vents prend des airs d’océan tourmenté.
Fauve est une réflexion sur l’innocence des gamins, ou comment des jeux d’enfants peuvent tourner au drame inconsciemment. Par les aléas de la vie et le tumulte des poches de sables mouvants, le petit renard devient bien vite tel la couleur de son pelage : fauve.
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C’est ce qui s’appelle avoir le visage… miné.— Arthur