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écoute la pluie tombe

Publié le 12 mars 2019 par Pjjp44

écoute la pluie tombe
"Le rassurant de l'équilibre, c'est que rien ne bouge.
Le vrai de l'équilibre, c'est qu'il suffit d'un souffle
pour tout faire bouger."
Julien Gracq
écoute la pluie tombe
"Il est une conception dans la joie, je le veux, il est une vision dans le rire.
Mais ce mélange de béatitude et d'amertume que comporte l'acte de la création, pour que tu le comprennes, ami, à cette heure où s'ouvre une sombre saison, je t'expliquerai la tirstesse de l'eau.
Du ciel choit ou de la paupière déborde une larme identique;
Ne pense point de ta mélancolie accuser la nuée, ni ce voile de l'averse obscure. Ferme les yeux, écoute! la pluie tombe.
.../..."
Paul Claudel extrait de: "Tristesse de l'eau"
écoute la pluie tombe
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écoute la pluie tombe
écoute la pluie tombe  Nantes/Naoned
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écoute la pluie tombe
"Passant qui rentre ravi
d'accord avec Mars inégal
voici voici que j'entends
un chant secret mais non triste
Le même toujours le même
depuis mille ans que je vis
c'est toi, présence paisible,
qui parle et parle à voix basse
Un geste un souffle et les choses
un mot un signe et les êtres
perdent leurs formes de fer,
-ce mot c'est toi qui le donnes
Par toi le jour dans leur ombre
se glisse, par toi l'écho
mes yeux font la nuit légère
les corps les murs transparents
Je suis la rencontre obscure
je vais je viens je connais
la terre dort dans mes mains
le temps c'est moi c'est ici
c'est moi c'est vous et les heures
le ciel la rue et le vent
chacun chacun comme nous
regarde entend et s'étonne
Printemps probables délices
espaces ruses clartés
visage de vie et de mort
-je parle à des lèvres scellées ."
Jean Tardieu "Passant qui rentre ravi" 

écoute la pluie tombe

"Vous me demandez mon nom, mon âge, mon adresse, mon sexe, mon métier ...etc... Vous me demandez encore d'adhérer à des objectifs ambitieux, des programmes obsolètes, à votre désir nivélateur que nous soyons semblables. Justice, égalité et liberté programmées. Une démocratie douce-heureuse sans véritable fraternité ni volonté farouche de combattre l'ennemi qui nous a envahi jusque dans nos fors intérieurs. Vous me demandez de communier avec une nature mortellement meurtrie qui ne sera bientôt plus qu'un souvenir sur des photos plus ou moins artistiques aux couleurs retouchées. Vous me demandez de défendre telle ou telle cause séparée de l'ensemble, d'être à droite à gauche ou au milieu du vide alors que je suis dans l'incapacité d'adhérer aux ronflements sordides de vos consciences assoupies et que j'ai fini par ne plus pouvoir fermer les yeux à force de regarder le ciel et d'observer les subtils changements de la lumière, les féroces agressions du temps qu'il fait. 
Vous vivez comme des animaux savants imbus de connaissances dérisoires, vous vous confinez comme si de rien n'était malgré les nobles sentiments que vous prétendez prôner dans vos réunions mondaines. En vous félicitant, vous vous nourrissez du désespoir obstiné des pauvres gens, les tâcherons, les petites mains dures et sales, les ventres creux, les malheureux sans lesquels vos seigneurs en chefs ne seraient que d'anonymes manants et vous-mêmes des mendiants pénitents. Vous vous indignez d'une parole malencontreuse ou d'un acte inconséquent en vous détournant des carnages industriels des guerres qui broient des millions de vos semblables innocents. La Syrie, le Yémen, l'Afghanistan, la Palestine, le Mali, le Congo et j'en passe … Vous êtes impuissants, je ne le vous fais pas dire. Vous préférez vous occuper de choses plus élevées.Vous vous exercez à des arts qui vous servent de reposoir métaphorique ou de faire-valoir. La philosophie de notre époque médiocre et incertaine, sert davantage à transformer l'or accumulé des uns en chape de plomb pour les autres plutôt que de dispenser l'humble sagesse nécessaire et le renoncement aux biens superflus. Chez vous, dans vos contrées championnes des “Droits de l'Homme”, vous avez tout le loisir d'acheter des marchandises exotiques et savoureuses pourvu qu'on ne s'attarde pas plus qu'il ne faut sur les réalités atroces d'où elles proviennent. Finalement, vous ressemblez tellement aux guignols infréquentables que vous avez élus et que, après coup, vous finissez toujours par conspuer parce que vous vous rendez compte que vous êtes toujours les dindons de la farce. Vous êtes libres n'est-ce pas, libres de penser, de juger, d'aller et de venir pourvu que vous n'alliez pas trop loin, c'est à dire à l'essentiel, là où ça fait vraiment mal. L'aliénation colonisatrice du XVe siècle de notre ère s'est répandue comme une excroissance purulente de l'esprit sur toute la surface irrémédiablement amochée de la terre. Mais qu'importe! Vous continuez à partir confortablement en vacances vers des destinations de rêve, vous voyagez sanglés de préjugés écologiques ou humanitaires, avec des oeillères en peau d'agneaux innocents pour vous épargner le répugnant spectacle des conséquences de l'apocalyptique curée. Vous jouissez même, bonus suprême, de privilèges plutôt raisonnables pour défendre vos chimériques idylles. Et lorsque vous êtes trop fatigués de vous leurrer vous-mêmes, vous vous vautrez dans les excréments délicieux de votre propre satisfaction. Vous êtes grands, beaux, forts, louables, exquis. Et si polis pour couronner le tout.  Celui qui vous parle ainsi sans nuancer son propos, n'est qu'un étranger, un nomade résistant aux assauts haineux des assis, un exilé déconnecté des codes officieux de cette civilisation destructrice et son sang brûle inexorablement d'un amour inextinguible. Bientôt il deviendra un vieux juif errant sans dieu ni maître ni patrie et n'aura plus que ses os noircis par trop de révolte à déposer devant le mémorial immatériel des peaux rouges massacrés des Amériques." André Chenet,
Source: "DANGER POESIE"

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