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Maha Lee Cassy : Ce pays sous ma peau

Par Gangoueus @lareus
Maha Lee Cassy : Ce pays sous ma peau
Le Congo Brazzaville est une terre regorgeant de grands poètes. Tchicaya U Tam’si. Tati Loutard.  Sony Labou Tansi. Alain Mabanckou. Maxime N’Débéka. Gabriel Okoundji. Paul N’Zo Mono. Et je suis conscient que cette liste n’est pas exhaustive. Et c'est l'une des forces de cette littérature. Maha Lee Cassy fait partie du corps des poètes congolais... J'ai pris le temps de lire son nouveau recueil de poésie intitulé Ce pays sous ma peau et même si je clame régulièrement la complexité que représente pour moi le fait de lire de la poésie dans mon contexte très urbain. Justement. Ce pays sous ma peau nous donne l’occasion d’un éloignement, une sorte de balade fraiche loin de la ville, loin de l’Ile de France, loin de France, sous la peau de Maha Lee Cassy.
La place de l’animal dans le texte On peut s’amuser de l’usage des animaux dans ce recueil de poésie. Il n’est pas totémique. Il ne renvoie pas aux croyances animistes encore si fortes en Afrique centrale. Non, ici l’animal est un élément de décor, un compagnon servant à étayer une idée.
Ivre de liberté
Imbue d’amour
La dent qui croque
N’est pas le même que celle qui mord
J’ai vu les mouches traverser l’océan
A la nage
Les vagues leur faisant la haie d’honneur

C’est un petit peu particulier, vous conviendrez. On se creuse les méninges alors que le poète ne veut peut être rien dire de significatif. Mais supposons qu’il y a du sens derrière les mots. Que les mouches représentent des migrants affrontant monts et vaux, mers en furie se voyant recevoir l’acclamation d’une nature stupéfaite par tant de bravoure. il me semble que le mot est juste ici. Sauf si j’extrapole et le poète se marre sur ma lecture hors cadre…
Mais que dire de la suite ?
J’ai vu les coqs faire la cour
Aux oies sauvages
… J’ai ma petite idée sur une lecture de cet épisode. Mais ces animaux si présents…
Il est aussi et surtout question de résilience. Cette dernière prend des formes différentes. Elle concerne un groupe, une nation, une race ? Le moyen de cette résilience peut être la danse, le verbe dit, le verbe écrit. 
«  La résilience pilée dans le mortier se mue en serpent moqueur ». 
P.13, Ce pays sous ma peau, Maha Lee Cassy
Je sens le Congo Brazza, le Congo Kin… Je pense à la danse « Hélico » qui fit trémousser les congolais. Se rire de la violence subie en continuant de se trémousser, en narguant le sourire en coin l’oppresseur. 
il n’y a pas forcément de fil d’Ariane dans ce recueil, de véritables thèmes si j’exclus celui  que je viens de mentionner. il nous livre ce qu’il y a sous sa peau, il nous propose  son âme, ses indignations: 
Qui a vendu ce baobab qui me procurait
Ombrage et nourriture de l’esprit
Je l’ai retrouvé sous d’autres cieux
Découpé désossé et transformé
En fauteuil roulants pour handicapés mentaux  
P.22, Ce pays sous ma peau, Maha Lee Cassy, Les éditions +
Vous avez compris que j’ai eu un peu de mal à vous présenter ce recueil de poésie. Je découvre l’auteur. Maha Lee Cassy. De beaux poèmes souvent. Des idées parfois. Une nouvelle plume congolaise. Singulière naturellement.
Maha Lee Cassy, Ce pays sous ma peauLes éditions +, première parution en 2019

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