Les accros du sport peuvent se poser la question : « N’en fais-je pas un peu trop ? ». Le message le plus important à retenir de cette étude de l’UT Southwestern Medical Center sur une pratique « extrême » de l’exercice physique est le suivant : pratiquer l’exercice de manière intense et fréquente est sûr. Les bénéfices de l'exercice dépassent de loin le risque mineur d'avoir un peu plus de calcium coronaire. En synthèse, une pratique extrême de l'exercice n’augmente pas le risque de maladie cardiaque et de décès.
L'exercice est souvent cité comme la meilleure des médecines préventives, mais à quel moment en fait-on trop pour le cœur ? Contrairement aux préoccupations de certains sportifs et athlètes, ces experts de l’université du Texas constatent que les exercices d'endurance, notamment, ont de nombreux effets positifs sur la santé cardiaque.
L’étude, dirigée par le Dr Benjamin Levine, cardiologue sportif, professeur de médecine interne et directeur de l'Institut de l'exercice et de médecine environnementale de l’UT Southwestern Medical Center se concentre sur l'analyse du calcium coronarien. Pourquoi ?
Un juge de paix, le score calcique coronaire : l'analyse du calcium coronaire est un test d'imagerie qui aide les médecins à classer les patients ne présentant pas de symptômes cardiaques, et présentant un risque faible, moyen ou élevé de crise cardiaque. Le score calcique coronaire représente la quantité de calcium (et donc de dépôts de cholestérol) accumulée dans les vaisseaux sanguins qui alimentent le cœur. Cette mesure peut aider les médecins à déterminer le besoin de médicaments, de changement de mode de vie, voire à prendre d'autres mesures pour réduire le risque cardiaque.
Le calcium coronaire est en effet un marqueur de l'athérosclérose, une maladie dans laquelle la plaque s'accumule dans les artères et peut provoquer une crise cardiaque et un accident vasculaire cérébral. Lorsque le calcium coronaire est détecté dans le cœur, c’est que ce processus de dépôt dans les vaisseaux sanguins a commencé.
Une pratique fréquente et très intense de l’exercice est sécuritaire, même en cas de score calcique élevé : l’équipe a travaillé sur les données de 21.758 hommes en bonne santé, âgés de 40 à 80 ans et ne présentant pas de maladie cardiovasculaire. Ces participants ont été suivis pour « la mortalité » entre 1998 et 2013. Les athlètes, dont la majorité étaient d'âge moyen, ont signalé leurs niveaux d'activité physique et ont subi une analyse du calcium coronaire. La plupart étaient principalement des coureurs, mais certains étaient des cyclistes, des nageurs ou des rameurs. Leur pratique était d’au moins 5 à 6 heures par semaine à une intensité correspondant à une vitesse de 6 minutes environ/km et la quantité moyenne d'exercice de haute intensité dans le groupe de participants était de 8 heures par semaine. Sur ce groupe d’athlètes, les chercheurs constatent en effet que faire beaucoup d’exercice reste sans danger, même lorsque les taux de calcium coronarien sont élevés :
- la majorité de ces athlètes pratiquant à forte intensité présentent de faibles taux de calcification coronaire bien que leur risque de présenter des taux plus élevés soit 11% plus élevé que celui d’hommes moins sportifs ;
- cependant, des scores calciques plus élevés ne semblent pas augmenter le risque de décès cardiovasculaire ou toutes causes confondues chez ces athlètes à pratique d'intensité élevée ;
En dépit de ces conclusions suggérant que l’exercice extrême ne fait pas augmenter le risque de maladie cardiaque, l’auteur recommande de ne pas utiliser l’effet protecteur de l’exercice pour pallier à de mauvaises habitudes de vie. « Il n’est pas possible d’effacer toute une vie de mauvais comportements (tabagisme, taux de cholestérol élevé, hypertension artérielle) uniquement en pratiquant une activité physique intense. Ce n’est pas un remède magique ! » Enfin, l’auteur recommande la prudence lors du démarrage d'un nouveau programme d’exercice : « Il ne s’agit pas de courir directement le marathon, il faut suivre un plan à long terme pour progresser lentement avant d'atteindre ce volume et cette intensité d'exercice ».
Enfin, un petit rappel ! Les bénéfices connus d’une activité physique régulière incluent une réduction de la mortalité, des maladies cardiaques, du diabète et de nombreuses autres affections…
Source: JAMA Cardiology January 30, 2019 doi:10.1001/jamacardio.2018.4628 Association of All-Cause and Cardiovascular Mortality With High Levels of Physical Activity and Concurrent Coronary Artery Calcification
Équipe de rédaction Santélog Mar 11, 2019Rédaction Santé log