mises en scène J-P Albe
avec Isabelle Sibille
et la Cie Veau des Champs
Théâtre Beaux Arts Tabard
10 mars - 15h
Marie Antoinette... et Eva : correspondances privées !
Lorsqu'un théâtre programme, à la suite, deux œuvres apparemment aussi éloignées et, étrangement, aussi proche il faut, certainement, y voir une volonté délibérée.
Mademoiselle Braun, jouée le 8 et le 9 mars, racontait avec la précision d'un album photo la vie et la mort d' Eva, compagne cachée et épouse éphémère d'un monstrueux personnage, Marie Antoinette c'est tout autre chose !
En êtes-vous si sûr ?
Déjà, sur le plan purement théâtral, deux rôles tenus en solo par deux artistes passionnées et passionnantes. Différentes, très différente même, mais animées par la même honnêteté, la même vérité, Léa le Moël et Isabelle Sibille sont définitivement convaincantes.
Comme l'a souligné, si justement, Jean-Pierre Albe, directeur du BAT et metteur en scène de Marie Antoinette, " ces femmes n'ont pas du tout d'intelligence politique et elles vont mourir brutalement, n'ayant rien compris à leur temps... elles sont mortes étranglées par l'Histoire " .
Deux jeunes femmes, germaniques toutes deux, ayant moins de 20 ans au début de leur entrée dans le champ historique, aimant la vie, écervelées ou pour le moins insouciantes et, rattrapées par les événements, à cause de leur amour, se transformant, prenant une dimension singulière. Il n'est nullement question, ici, de faire leur apologie ou de les transformer en héroïnes, simplement d'observer comment elles sont passées du statut de victimes, broyées par l "Histoire, à celui de femmes libres, assumant leur destin. Face à la mort, dans les deux œuvres, elles ont un sursaut d'instinct de survie mais, toutes deux, offrent leur mort à celui, à ceux, qu'au delà de la vie, elles vont retrouver. Etrange similitude, troublantes comparaisons et belle démonstration de la force d'une " faible " femme.
Nous avons déjà dit tout le bien que nous a inspiré Mademoiselle Braun, il est grand temps d'en dire autant de Marie Antoinette.
Un texte dense, créatif, suivant chronologiquement les événements. Evénements qui vont être annoncés, amplifiés, relayés, par la correspondance de Marie Antoinette avec sa mère, son frère, son ami. Des lettres dont " l'arrivée " est marquée par une sonnerie. Etrange prémonition du " Vous avez reçu un message " , familier aux utilisateurs d'internet !
Une actrice démarrant avec un fort accent " tudesque ", disparaissant au fur et à mesure, et une propension à l'insouciance, au jeu et au divertissement, faisant place progressivement, au sens du devoir, aux valeurs familiales et aux sentiments vrais. Elle s'indigne, ne comprend pas grand chose à la situation, mais grandit à chaque étape de son ascension vers le supplice final.
C'est très bien joué, finement mis en scène, c'est du " beau " théâtre !Ce dimanche on donnait la pièce pour la neuvième fois sur les dix programmées, la dernière aura lieu en présence de l'auteure... et ce sera avant l'été. On vous en parlera !
Eva, Marie Antoinette, décidément les rencontres de et avec l'Histoire réservent bien des surprises.
Vidéos
J-P Albe présente Marie Antoinette, la pièce d'E. Lever.
Necker, extrait.
La conciergerie, extrait.