Livre Premier
d'Emile Ferris
Bande dessinée - 400 pages
Editions Monsieur Toussaint Louverture - août 2018
Prix du Meilleur Album - Fauve d'Or Angoulême 2019
Grand Prix de la Critique - 2019
Karen est une fillette de 10 ans, et elle livre sa vie menée à Chicago à la fin des années 1960. Karen n'est pas attirée par les princesses et les nœuds roses. Elle se passionne pour les monstres, les fantômes, les zombies, les morts-vivants, las couvertures sanglantes des magazines d'horreur… Elle dresse son journal intime, dégoulinant d'imagination débordante, de confidences, de mystère, de sombres rêveries. Elle conte son frère Diego "Dezzee", sa mère qui va connaître la maladie, les hommes inquiétants, elle parle aussi d'Anka Silverberg, la voisine morte, une femme qui a vécu dans l'Allemagne nazie. Elle parle de ses copines, et des habitants de son quartier populaire, des minorités….
Moi, ce que j'aime, c'est les monstres, est un pavé impressionnant. Il est impressionnant par la prouesse graphique, ce dessin prolifique, ces pages denses du dessin au stylo multi couleurs…. Ces planches d'un réalisme et d'une libertés absolument pharaonique. Et cette quantité de texte aussi qui déferle lorsque les images laissent des interstices, une parole qui se libère, entre fiction et vérité. L'album se laisse traverser par la Grande Histoire, par les souffrances des rescapés de l'Allemagne nazie, par les bordels florissants, par les assassinats traumatisants du révérend King et du président Kennedy… L'histoire familiale de Karen est aussi dense, lourde, narrée par le prisme semi naïf de la fillette.Pour autant, je n'ai pas éprouvé un si grand intérêt à la lecture, outre celui du kaléidoscope visuel si riche, et des anecdotes parfois touchantes. C'est une lecture complexe, portée par une narratrice que s'auto dessine en monstre à la mâchoire inversée et aux canines saillantes, une dégradation de soi, pour ce qui peut être un récit d'apprentissage qui bouscule les codes. Et un hymne pour les minorités, les freaks, les difformes, les marginaux, les Afro américains, les gays...
Feuilletez le début de l'album - Calaméo
L'avis de Nicolas Winter - Just a word