Le maire, la tronçonneuse et la laïcité

Publié le 07 mars 2019 par Rolandlabregere
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C’est une information qui n’a pas fait la Une du JT de 20h et qui reste confidentielle sur les réseaux sociaux. On regretterait même de la croiser et de s’y frotter. Selon Le Midi libre (24/02/2019), dans le village de Saint-Pons-de-Thomières, le maire a fait passer par le fil de la tronçonneuse municipale l’arbre de la Liberté planté sur le territoire de la commune. Cet arbre était de la fête du bicentenaire de la Révolution en 1989. Comble de cette piteuse anecdote, l’arbre fut planté par les élèves de l’école communale « cours d’une cérémonie officielle en présence des plus hautes autorités » afin de porter « les valeurs de liberté et de laïcité », explique la Déléguée départementale de l’éducation nationale.

L’information fait un peu de bruit localement. Elle se balade du côté de la préfecture, s’invite auprès du président du conseil départemental. Chacun joue sa partition. Le maire réfléchit à une stratégie de communication. Il faut réduire la crise. Rien de mieux que de dire la vérité. Il la livre dans toute sa petite misère : « Je n’étais pas au courant et ne connaissais même pas l’existence de ce symbole, ni de la plaque qui le signale. »

Le dérisoire tutoie la bêtise cynique. C’est pas moi. Je ne connais pas ce symbole ! Cette malheureuse histoire de massacre à la tronçonneuse ouvre le débat autour du mécanisme de la prise de décision et de la responsabilité. Des connaissances civiques minimales sont nécessaires pour tenir un mandant issu du suffrage universel. Le Grand débat serait avisé de s’emparer de la question des compétences fondamentales pour diriger un conseil municipal, sans mention de la taille de la commune. Un permis de gouverner éviterait le ridicule et la piteuse argumentation du maire. Connaître les symboles de la République serait le seuil de l’éligibilité.

Quand le petit Sarkosy s’était présenté à la présidence de l’Epad de Neuilly, Arnaud Montebourg alors député et président du conseil général de Saône-et-Loire, avait grincé les dents en expliquant qu’une « chèvre pourrait être élue avec l’investiture UMP à Neuilly » (9/10/2009). C’était une parole inconvenante à l’égard des chèvres qui lui fut, à juste titre, reprochée. Une question vient à l’esprit : de quoi le geste du maire qui tronçonne l’arbre de la Liberté que l’un de ses prédécesseurs avait installé est-il le nom ?