Le déguerpissement en cours concerne l’espace situé entre la RTG Koloma et les rails de Fria séparant les quartiers de Kipé et de Demoudoula.
Depuis lundi 25 février, les bulldozers de l’État démolissent les maisons sous l’œil impuissant des concessionnaires qui n’ont pas bénéficié d’un temps suffisant pour décoiffer leurs maisons et extraire leurs biens. Vingt ans après le premier déguerpissement dont le pays ne s’est toujours pas remis, les habitants de Kaporo-Rails s’interrogent: pourquoi toujours Kaporo-Rails?
Les victimes ont été alertées, à les en croire, moins d’une semaine avant le début de l’opération de déguerpissement pour libérer les maisons. Plusieurs bâtiments sont détruits. Et des familles sommées de libérer les maisons attendent impuissantes la démolition de leurs habitations.
En l’absence d’une indemnisation et d’un reclassement préalables, plusieurs victimes dont des familles de 20 à 30 personnes sous un toit n’ont pas de proches à Conakry où trouver refuge. Madame Diallo Diaraye a passé la nuit à la belle étoile.
"Hier ils nous ont dit qu’ils viendraient à 4h pour démolir nos maisons, c’est ainsi que nous avons passé toute la nuit à sortir nos biens. Pour le moment, on passe la nuit dehors avec tous nos enfants et nos biens, on n’a pas où aller", s’apitoie t-elle sur son sort. Dame Aissata Dalanda Barry vit au quartier depuis des décennies. "Nous ne connaissons nulle part où aller. C’est ici que nous habitons et c’est ici que tous nos enfants sont nés. Comme le gouvernement veut nous enlever d'ici, alors qu’il nous montre où aller", plaide-t-elle.
Mamadou Billo Diallo, 67 ans et père de sept enfants s’est installé à Kaporo Rails en 1982. Le sexagénaire trouvé avec sa famille en train de vider sa maison de trois chambres plus trois salons, exprime sa lassitude au micro de notre rédaction: "Quand on a construit ici, on ne nous a pas dit que c’était une zone réservée. Et aujourd’hui le gouvernement vient nous faire sortir comme des animaux. Nous demandons au gouvernement d’avoir pitié de nous, on est aussi fils du pays. Qu’il arrête de nous pourchasser et de nous tuer comme des singes, de renverser nos maisons sur nous et nos biens devant nos enfants. Nous payons les factures d’eau et d’électricité. Donc ils ne peuvent pas nous dire qu’ils ne savaient pas que nous étions là".
Elhaj Amadou Barry partageait sa concession avec ses deux frères. Tous polygames, avec plus de 30 enfants sous le même toit. Lui et sa famille sont trouvés en train de vider leur demeure en attendant impuissants la démolition de la maison commune. Suivez son interview en vidéo ci-dessous:
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