On tente, on est tenté, dansant la tarentelle devant un buffet que rien n'emplit de bonnes nourritures, d'élancer son âme au ciel et d'offrir ce que le temps nous a laissé de chair à l'orgie savoureuse, à l'assault des corps affamés. On baisse alors les paupières sans que le front soit ailleurs qu'à la lumière divine et l'on hâte à soi la brassée de l'autre, à nos narines, à nos lèvres. On emprisonne un peu fermement cette proie que nous sommes au paradis. Ce paradis que le diable boiteux nous invite à squatter pôvrement, alors que nous en sommes la serrure oubliée et la clef jetée au marais. Et nous allons à la renverse, à la renverse et de nouveau à la renverse, infiniment. Les mots sont à nouveau ces exclamations d'où nous perlons en gouttes de suées délicieuses. On se souvient enfin d'une langue d'eau vivifiante de mémoire et l'on jouit, rendus bête parmi les bêtes.
Cependant que le diable boiteux, être délicat si il en est, se désole d'avoir à s'inventer d'autres ruses pour jouir encore du spectacle risible de nos danses dressées comme des buffets d'anthropophages.
(Ce court entrebâillement de porte est dédié à cette sorte particulière d'ange qui est la femme que l'on écoute.)