Morgan Bancon est un jeune peintre qui à l'image des artistes de sa génération poursuit une voie solitaire, hors des écoles et des regroupements hasardeux de circonstances. Mais alors que nombre d'entre eux peuvent facilement se rattacher à une tête de file, telle que Neo Rauch, Gerhard Richter, les YBA ou Louise Bourgeois, pour se plier à ce jeu, il faut dans le cas de Morgan Bancon remonter plusieurs générations, sans même évoquer l'histoire de l'art des primitifs italiens ou autres bien trop souvent cités de manière presque scolaire, en tous cas, superficielle.
La facture du jeune artiste peintre rappelle ou un Morandi qui aurait perdu sa sérénité, un invraisemblable De Chirico informelle ou un Purisme déliquescent, la faute aux couleurs terreuses et aux relents de cubisme entropique. Bien entendu, il est également assez évident d'y déceler comme des fragments de Giotto, car si la mise en forme est abstraite et la touche vive, voire expressionniste, la narration et la représentation continuent d'habiter le tableau à travers des arbres, troncs, édicules et reliefs rocheux empruntés directement aux décors de théâtres du Quattrocento.
Il en résulte des " compositions " bouchées où strates horizontales et objets verticaux s'imbriquent de manière serrée, pour ainsi dire organique. Le modelé est dessiné grossièrement par des touches épaisses qui semblent vouloir le nier.
L'ensemble est donc assez complexe picturalement et en termes d'éléments " signifiant " indéchiffrable et oppressant.
Un jeune peintre figuratif, c'est-à-dire dans la " représentationalité ", prometteur.