La caractéristique de la technocratie est d'avoir une pensée planificatrice adaptée à un avenir prévisible. C'est ce qu'Edgar Morin appelle une "pensée simplifiante". Cette pensée est égarée par l'incertitude :
- Nos grandes entreprises, dirigées par des technocrates, ont connu une succession de crises, et, souvent, ont fini dans des mains étrangères. Le technocrate ne comprend pas le métier de l'entreprise qu'il dirige. Croissance par l'acquisition, généralement. Ce qui conduit au surendettement. A cela s'ajoute l'abandon de filières "non compétitives", qui sont, peut-être, tout simplement, des filières que le technocrate ne sait pas développer. (Exemples : France Telecom, Crédit Lyonnais, Crédit Foncier, Bull, Alstom, Alcatel, Areva, Pechiney, Arcelor, Vivendi, Thomson, la filière textile, à quoi il faut ajouter des entreprises para publiques telles qu'EDF, criblées de dettes.)
- Le pays fait l'objet d'une série de réformes qui, quasiment toutes, ont donné le contraire de ce qui était attendu d'elles. La réforme obéissent à une forme de pensée magique : "les lois de l'économie", l'effet d'échelle, la "numérisation" (une mode mondiale), le partage du temps de travail, etc. (Exemples : Les réformes avant 2005 ; réformes européennes.)
La technocratie s'est transformée en oligarchie. Sur le modèle anglo-saxon, elle se dit entrepreneuse et créatrice de richesse. Elle doit gagner beaucoup, en récompense de ses mérites. Comme un général qui passerait à l'ennemi, et se ferait payer pour cela, les technocrates utilisent les pouvoirs donnés par l'Etat, pour leur propre compte. Comment interprètent-ils la crise ? Le Français est paresseux, et ne veut pas travailler, ou est un arriéré. (Voir : L'oligarchie des incapables.)
Et si notre crise était celle de la pensée technocratique, simplifiante ?