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Lionel Sabatté, biographie & galerie

Publié le 04 mars 2019 par Thierry Grizard @Artefields

Lionel Sabatté est né en 1975 à Toulouse, il est diplômé des Beaux-arts de Paris (2003) et a obtenu en 2017 le Prix Drawing Now. Ce jeune plasticien pratique aussi bien la sculpture, le dessin que la peinture. Il inscrit sa démarche dans un processus de recyclage poétique et fréquemment symboliste des rebuts organiques (ongles, cheveux) et urbains (poussières) collectés entre autres lieux dans le métro. De ce qui est en voie de dissipation et disparition il recrée des formes évoquant le vivant, notamment des loups hurlants et chiens qui errent. Il a aussi élaboré des cygnes constitués de poussières agrégées qui prennent un nouvel envol ou encore des figures humaines composées à partir de cheveux et diverses fibres difficilement indentifiables, ces " dessins " en reliefs sont collés sur de petits formats en papier et forment des portraits conçus comme des images persistantes évoquant les Vanités ou Memento Mori.

L'éternel retour

Depuis Rauschenberg, les nouveaux réalistes ou le Pop Art la récupération et le recyclage sous forme de dérivations ou de simples " ready made " n'est pas nouvelle. Ce qui par contre distingue Sabatté au même titre que certains autres artistes contemporains réside dans le principe d'hybridation qui s'est propagé dans tous les arts visuels en particulier dans le registre de la sculpture hyperréaliste. Les sources qui alimentent ce mouvement semblent trouver leur origine dans les questions abordant l'identité, à savoir le passage de l'individu campé solidement sur son " cogito ergo sum " au " dividu ", la " persona " parcourue de rhizomes innombrables plus ou moins conflictuels. Cependant la référence la plus évidente reste Marcel Duchamp et son élevage de poussière du Grand Verre (photographié par Man Ray).

Il y a donc chez Lionel Sabatté cet héritage mais aussi une particularité : la dimension narrative qui est omniprésente. La trame principale de ces récits repose essentiellement sur l'idée de trace à l'image du travail de Chiharu Shiota qui convoque les esprits d'un lieu à travers des structures arachnéennes. Sabatté quant à lui recompose, donne vie en effectuant des épissures autour de ce qui relève d'une forme de chaos qu'il assemble pour donner une image qui mime de manière pathétique ce qui a été. Ce remembrement de lambeaux souligne bien entendu l'écart, le défaut ou la perte. En mêlant des restes disparates il bouscule également les frontières entre espèces et genres, entre l'animé et l'inanimé. La poussière qui représente par excellence l'indifférenciée peut tout aussi bien donner naissance à des visages délicats ou des canidés inquiétants, tout un bestiaire qui rappelle par certains aspects le travail de Claire Morgan ou Julien Salaud.

De la poussière et en deçà

Les toiles à l'huile du plasticien français aux tons acidulés et métalliques sont elles étonnamment oniriques, d'ailleurs la scénographie des expositions met bien en correspondance les sculptures et dessins de poussières et ces grands formats qui déroulent de multiples métamorphoses improbables mêlant les fluides, les chairs et le nébuleux. Les toiles sont en quelque sorte des visions au plan microscopique des mêmes êtres post mortem qui hantent les expositions de l'artiste. Ces visions assez évanescentes et liquides donnent un autre éclairage à ses installations. En effet, les éléments décomposés ne sont pas inertes à l'échelle cellulaire, ils poursuivent leurs cycles. L'artiste français imagine donc et superpose sur cette continuité du vivant dans la grande chaine des décompositions et recompositions la présence de la mémoire, c'est ainsi qu'un visage surgit d'une tâche d'huile ou d'une " Infusion Volatile ", c'est une sorte de " Samsara " où des " résidus " mémoriels persisteraient.

A voir jusqu'au 4 novembre 2017 à la galerie Henri Chartrier, Lyon : Lionel Sabatté, " Figures d'été ".


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