Il démarre sur la chanson, Lily Marleen, dans une version très différente de celle que nous connaissons si bien alors que le spectateur, surpris, découvre Pierre Cardin, expliquant qu'il a reçu la grande artiste en 1973 à l'Espace Cardin.
On comprend que ce créateur de génie, immense homme d’affaires et grand amateur de théâtre et de comédie musicale ait demandé à Cyrielle Clair de faire revivre la grande dame.
C'est avec la complicité de Gérard Chambre (que j'ai souvent apprécié dans ses propres créations), que cette ex-pensionnaire de la Comédie Française a imaginé ce spectacle à la poursuite de cette étoile fascinante, sur les chemins qui ont conduit cette petite chanteuse de cabaret berlinois ... jusqu’aux sommets du gotha hollywoodien et sur les scènes du monde entier !
Tous deux sont comédiens, auteurs, metteurs en scène. Le résultat est forcément à la hauteur. Et plutôt original puisque Marlène apparait d'abord sous la forme d'une marionnette, témoignant qu'elle fut autant manipulée que manipulatrice dans sa vie aventureuse.
Son parcours est restitué intelligemment en anglais et en français, parfois aussi en allemand, ce qui pimente la représentation et convient bien avec son coté international.
Cyrielle Clair chante et danse à la perfection sur des projections futuristes et colorées. Elle surprend à chaque scène, qu'elle imite Mae West ou qu'elle évoque un des 57 films qu'elle a interprétés. Elle en tournera 7 sous la direction de Josef von Sternberg dont elle sera la muse. Tout le monde se souvient de l'Ange bleu (1930) qui reste son plus grand rôle. Le public, sous le charme, revisite le cinéma et la chanson de ses années de gloire.
On l'écoute avec bonheur chanter Les feuilles mortes comme Devil Woman et bien sûr aussi Lili Marleen dont l'actrice nous confie que c'était une petite chanson contre la tyrannie.
Reniant sa mère patrie dans les sombres années du nazisme, Marlène est devenue citoyenne américaine, du côté des Alliés, et aux côtés de la France qu’elle aimait tant.
Chacune de ses apparitions est une fête : ses robes sont époustouflantes.
Plus qu'une évocation, cette Marlène est une résurrection du mythe par une Cyrielle Clair totalement crédible à la voix superbe et profonde. Sa vie est restituée sur tous les plans sur un mode feuilletonnesque : théâtre, musique, cinéma et danse. Fut-elle ange ou démon ? Un mythe assurément. Et une femme libre ... mais fatale. Gérard Chambre est à saluer aussi parce qu'il joue (très bien) tous les rôles masculins.
Avec Cyrielle Clair et Gérard Chambre
Au Théâtre de la Tour Eiffel
Du jeudi au samedi à 19h00 – matinée le dimanche à 16h00
Jusqu'au 24 février 2019
Location au 01 40 67 77 77