Bien sûr, l'individu peut s'adresser à Dieu, à sa propre conscience en vérité, sous une forme appropriée à ses désirs. La conscience est "le joyau qui exauce les désirs" en prenant une forme conforme à nos désirs. Cette forme est une icône anthropomorphe, dotée des attributs symbolisant ce que l'adepte désire. Mais le shivaïsme du Cachemire n'encourage pas ce genre de pratique, pourtant très courante dans le tantrisme. De plus, il en souligne les limites. Prier ainsi (fut en "récitant un mantra") n'a jamais qu'une efficacité limitée. En tous les cas, il n'est jamais promis que "l'univers répond à nos pensées", ni que les pensées positives se traduisent pas des événements positifs.Voilà pourquoi le shivaïsme du Cachemire, dans l'ensemble, n'encourage pas le genre de vision de l'ego ambiguë que l'on voit dans le New Age. "Je m'aime", dans le shivaïsme du Cachemire, signifie "quand j'aime mon faux Moi j'aime, sans le savoir, le Moi véritable et divin". Mais la hiérarchie reste claire : l'individu demeure au service du divin, et non l'inverse, inversion qui, au contraire, est caractéristique du New Age. Selon la Loi d'Attraction (et donc selon le New Age), ma volonté en tant qu'individu n'a pas de limites. "Tout est possible". L'individu est au centre de tout. Cette vision ultra individualiste s'explique sans doute en partie par l'origine commerciale du New Age. Le mouvement de la Pensée Nouvelle est en effet né aux Etats-Unis au XIXe siècle, en plein essor du commerce mondial.Selon la Reconnaissance, comme pour la plupart des approches non-dualistes, l'individu ne peut s'épanouir, paradoxalement, que s'il reconnaît sa dépendance à un principe plus vaste. Une autre différence importante est que le New Age dénigre l'intellect, la raison et la science (sauf quand cette dernière semble légitimer ses croyances), tandis que le shivaïsme du Cachemire, comme la plupart des traditions, encourage à penser.Et donc, selon le shivaïsme du Cachemire, le mental ne crée pas le monde. Lui et le monde sont créés par la conscience universelle. Le mental peut alors créer ses propres univers, mais sans pouvoir réduire le monde à ses désirs.