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La dernière marée de Aylin Manço

Publié le 04 mars 2019 par Lael69
La dernière marée de Aylin MançoAylin Manço
Editions Talents Hauts
Janvier 2019
224 pages
15 euros
Roman ados dès 14 ans
Thèmes : Anticipation, Famille, Mer
Quatrième de couverture : Depuis des mois, la mer reflue, aspirée sans fin et sans cause connue. A Citéplage, là où devrait se trouver le rivage, il n'y a que du sable et des rochers. Dans cette cité balnéaire totalement vide où les tortues s'échouent de désespoir, Elo tente de faire comme si rien n'avait changé. Mais sa relation naissante avec Hugo, le repli de sa mère et les faux-fuyants de son père la poussent à s'affranchir de son enfance... pour se tourner vers le grand large et l'avenir. 
Depuis des mois, la mer reflue et est aspirée par un trou, sans fin. Les scientifiques penchent sur la question mais n'ont pas encore trouvé de solutions pour sauver les gens d'une noyade assurée s'ils s'approchent trop près du rivage. Le courant est tellement puissant qu'ils sont eux-mêmes aspirés et emportés au large sans chance d'être sauvés. Les cités balnéaires se vident, les gens ont peur de l'eau. Les tortues échouent de désespoir. A Citéplage, Elo ne trouve plus ses souvenirs d'enfance, de baignade et de jeux de plage. La plage n'existe plus, il n'y a plus que du sable et des rochers. Tout se meurt. Elle tente de se dire qu'il y a bien une solution, que cela ne va pas durer... puis recontre Hugo...
Le reflux de la mer est ici la toile de fond, l'ambiance à la fois prégnante et étrange que quelque chose cloche dans notre monde, mais La dernière marée est sans doute, pour moi, un roman familial et une quête initiatique sur le passage de l'adolescence à l'âge adulte. J'ai eu beaucoup de mal au début de visualiser ce qu'était ce monde avec une mer qui aspire tout, un reflux sans interruption, fort, dangereux et qui détruit la planète. Du coup j'ai peu compris ou alors je n'ai pas réussi à bien m'immerger dans ce récit de fiction d'anticipation même si cet aspect-là ne m'a pas dérangé car il est bien traité et surtout assez crédible (enfin l'histoire du bouchon qui comble le trou me paraît techniquement impossible à réaliser). J'ai par contre été très sensible à la relation mère-fille qui est houleuse et délicate, sans communication. J'ai eu du mal à adhérer au comportement de la mère qui abandonne sa fille parce qu'elle ne peut plus nager, parce que le monde a changé... au contraire elle devrait être encore plus présente pour sa fille afin qu'elle puisse surmonter ce déséquilibre.
L'écriture, étrange, paradoxale est néanmoins très intimiste et instaure une ambiance poétique, tour à tour inquiétante ou émouvante, cruelle ou tendre, lumineuse ou sombre... le roman oscillant entre espoir et désespoir, entre dépression et joie, parce que malgré les circonstances, il faut avancer et regarder vers l'avenir. Alors on nous parle de fin du monde mais je n'ai pas du tout ressenti cette ambiance de survie et de sentiments pré apocalyptiques qui caractérisent certaines dystopies. J'ai plutôt ressenti comme une grande vague de dépression, comme si le monde changeait mais dont ce n'était pas la fin, juste une nouvelle étape et dont les hommes n'auraient pas d'autre choix que d'avancer. Il est en peu déprimant d'ailleurs ce roman avec certains passages très beaux, d'autres cruels, d'autres porteurs de réflexion sur la famille, les relations humaines... et mon ressenti est partagé mais j'ai aimé. J'ai aimé toute la réflexion portée par la métaphore, j'ai aimé le personnage d'Elo... son père aussi. Une lecture déroutante, très dépaysante qui change énormément et qui permet plusieurs niveaux de réflexion et qui fait ressentir beaucoup de choses. Une auteure à suivre. 

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