Publié par les éditions britanniques Loose Joints, Seabird est un livre de moments du quotidien observés par le photographe américain Bobby Doherty, entre 2014 et 2018. Ancien photographe pour le New York Magazine, Doherty fait des photos qui vont droit au but. Au premier coup d’œil, certains clichés d’oiseaux de mer semblent magnifiquement simplifiées à l’extrême, les objets et les situations se simplifient jusqu’à leurs éléments constitutifs les plus épurés; le verre le plus translucide sur la nappe la plus rouge, la rosée la plus humide sur la feuille la plus tendre… Doherty s’empresse d’embrasser à la fois le sens et l’insignifiance de la vie de tous les jours: des paysages et des portraits bucoliques et émotifs côtoient des déchets urbains, des animaux, des aliments et des fleurs. Ce qui ressort de son œuvre ressemble à un égalitarisme photographique, où le minuscule et l’énorme, le banal et le sublime, coexistent sur les pages. “Je ne remets pas trop souvent en question mes motivations en tant que photographe”, avoue le photographe. “Les rares fois où j’ai tenté de synthétiser ce que j’essaie vraiment de faire avec la photographie n’ont jamais fait que soulever des doutes”, poursuit-il. “Il est difficile pour moi d’expliquer mon style. Je prends juste des photos de choses que j’aime avec le moins d’hésitation possible.” Malgré sa réputation de photographe de natures mortes, Bobby Doherty tient à éviter la catégorisation ou la suranalyse de ses images, se plaçant dans la lignée de ceux qui ont une impérieuse volonté de toujours photographier, de façon constante et extensive, sans souci de cohésion ou de rétrospection. Dans ce contexte, Seabird devient une mosaïque d’images résolument humaine, suggérant le changement d’humeur, ou le basculement des émotions. En un clin d’œil, l’œuvre saute du kitsch des cartes de vœux Hallmark à la juxtaposition sarcastique, du stéréotypé à l’absurde. L’ouvrage de 224 pages est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Loose Joints.