Titre : White Spirit
Auteurs : Dédo (scénario), Weldohnson (dessins)
Editeur : Delcourt
Collection : Une Case En Moins
Année : 2019
Pages : 112
Résumé :
Pascal, parisien blasé, assiste à un vernissage d'art contemporain. Il ne se retrouve pas du tout dans ce qu'on lui présente comme la tendance artistique de l'année mais, heureusement, trouve quelqu'un avec qui partager ses remarques acerbes, Sandrine. Le couple se forme rapidement et nage – plus ou moins – dans le bonheur.
Tout irait pour le mieux si Pascal, en vérité, n'était pas toujours amoureux de Marina. Cette révélation lui vaut un bon bourre-pif de la part de Sandrine et un rupture nette ! Pascal, attristé, finit par accepter de passer une soirée spiritisme chez... Marina et son mec.
C'est là que les choses se compliquent, pas de prime abord, mais bien au fur et à mesure des jours, des heures qui passent après cette séance. Pascal a un gros problème, un énorme problème, duquel il pourrait rire si la situation n'était pas si dramatique...
Mon avis :
Dédo nous offre une histoire qui déborde d'humour noir. Pascal et ses vannes au vitriol fait sourire au début, puis de moins en moins quand l'ambiance dégénère. Faut dire qu'il perd le sens de l'humour au fur et à mesure que la situation s'aggrave. Situation en soi digne d'un classique de l'horreur, sauf qu'elle se révèle elle aussi grinçante à souhait.
Comment Pascal va se sortir de là ? Bonne question et réponse à la fin de l'histoire.
Reprenant la trame de l'histoire d'horreur, l'auteur y ajoute une énorme dose d'humour qui ne désamorce pas l'atmosphère mais au contraire la rend encore plus cinglante. A l'image des vannes de Pascal. Il faudrait en noter certaines d'ailleurs !
Le titre même, White Spirit, reflète cette ambiance morbidement drôle. Le Spirit évoqué étant plus lié à l'esprit frappeur qu'au produit de nettoyage.
Attention, cette BD, où peu de choses vous seront épargnées, n'est pas à mettre entre toutes les mains. Des scènes peuvent heurter la fameuse sensibilité des plus jeunes.
Mais la chute de l'histoire s'enfonce vraiment dans le macabre, tout en restant drôle, challenge assez dur à tenir pour un récit d'horreur tirant vers la comédie noire.
Mais force est de reconnaître que White Spirit décape bien !
Et l'amour dans tout ça ? Jouant sur les ressorts de l'histoire d'horreur pour mieux les détourner, l'amour a bien sa place ici. Non pas comme le salvateur sentiment qui va changer le monde, mais bien comme la cause des malheurs de Pascal (en plus de son sale caractère).
Car après tout, c'est son amour qui va le conduire à cette funeste soirée où tout va se déclencher...
Pour mettre en image ce Pascal bougonnant, Weldohnson a pris les pinceaux, plutôt les feutres et a taillé dans le vif. Dessin noir et blanc pour récit à l'humour noir, excellente idée.
Pascal, tout en étant quand même un peu imbuvable, devient vite touchant dans son malheur.
Et les tuiles qui s'accumulent ont d'autant plus d'impact que le trait et la mise en scène les font claquer. La tronche horrible de l'esprit farceur, les angoisses de Pascal qui s'instaurent dans l'ambiance de plus en plus sombre au fur et à mesure des pages, tout le travail du dessinateur concourt à accentuer encore plus le mélange macabre et drôle du récit. Son trait hachuré y contribue fortement.
Nouveau récit de la collection une Case en Moins dirigée par Davy Mourier et éditée par Marion Amirganian, White Spirit y trouve sa place. Davy reste dans sa ligne : donner à des gens qui ne sont pas du monde de la BD l'opportunité de faire des BD et créer des collaborations inattendues.
Si les histoires de cette collection divergent, la ligne de fond est tenue. Et c'est cette même ligne de fond qui nous offre des pépites de style complètement différentes.
White Spirit, un récit à ne pas offrir aux plus jeunes, mais qui fera mouche si vous aimez les films de la Hammer et de Woody Allen.
Zéda rencontre Pascal !
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