Se retrouver enfermé est une chose. L’être au fond de la mer dans la coque d’un sous-marin en est une autre. Et devoir y prendre des décisions quant à l’utilisation de l’arme nucléaire finit de rendre la situation très particulière. Nous faire ressentir cette pression est le pari du réalisateur, Antonin Baudry. C’est réussi. Il faut dire qu’il a laissé peu de place au hasard. "Je me suis immergé dans les sous-marins nucléaires français pendant plusieurs semaines. On a l’impression d’être dans le ventre d’une baleine. C’est un microcosme de la société dans lequel ce qui sépare les gens à la surface - la religion, la politique, les origines - n’existe pas. Seuls comptent ljavascript:void(0)a solidarité, le courage, le fait de pouvoir réagir ensemble" précise-t-il. Un temps d’immersion qu’il a aussi imposé aux illustres acteurs qui figurent au casting: Omar Sy, Reda Kateb et Mathieu Kassovitz.
Sans aucun hublot, un sous-marin se dirige et identifie les menaces uniquement au son. Il faut alors faire confiance à un homme surnommé "l’oreille d’or" (joué par François Civil). Il a l’oreille absolu et le don rare de reconnaître chaque son qu’il entend. Lorsqu’il se trompe, il met tout l’équipage en danger. Dans un navire nucléaire, c’est la planète qui est menacée. Tout le suspense repose sur sa capacité à bien écouter.
Pour sonner juste, les sous-mariniers des bases navales de Toulon et de Brest ont participé au tournage. Certains sont consultants, d’autres figurants. Le vocabulaire employé est fidèle à celui habituellement utilisé par les militaires. On s’y perd parfois, mais comme l’explique Antonin Baudry, ces précisions techniques font partie du jeu: "J’ai décidé de conserver la façon d’être et le langage des sous-mariniers tel qu’il était, sans rien édulcorer. J’ai fait le pari qu’avec les images le spectateur comprendrait tout ce qui se passe. Je crois que la façon de parler, le langage étrange des sous-mariniers constitue un élément dramatique important pour le film, c’est pourquoi les termes techniques ont été maintenus dans leur réalisme et leur vérité humaine".
Dans un film qui prend parfois des allures de documentaire militaire tant les détails techniques sont respectés au millimètre, la bande-son joue un rôle primordial. Dans le jargon des sous-mariniers, le "chant du loup" désigne le bruit d'un sonar qui plonge et repère la position d’un sous-marin en vue de l’attaquer. L’entendre, c’est la promesse de vivre des minutes difficiles. Stressantes. Angoissantes. Gros plan sur le visage suant de "l’oreille d’or". Ses yeux fixent les écrans radars. Dans ses écouteurs, les battements sourds des hélices d’un bâtiment qui approche. Amis? Ennemis? À lui de trancher, sous le regard angoissé des officiers du poste de commandement. À nous de retenir notre souffle et de plonger. En apnée. On ne reprend nos esprits qu’à la sortie du cinéma. Mais dans nos têtes résonne encore ce "chant du loup" qui fait de cette œuvre plus qu’un film, une expérience.
Depuis plusieurs mois maintenant, les médias de tous bords, les politiques et d’autres encore, nous rebattent les oreilles avec la violence. Principalement celle occasionnée par les gilets jaunes et les casseurs qui semblent les accompagner...