Après The Big Short, dans lequel il décortiquait de manière facétieuse – mais brillante – la crise des subprimes de 2008, Adam McKay poursuit, avec Vice, son travail de décryptage de l’histoire américaine. A travers le destin hors norme de Dick Cheney, vice-président dans l’administration Bush, le réalisateur nous donne cette fois à voir les coulisses du pouvoir.
A l’instar de son œuvre précédente, le cinéaste mise à nouveau sur des codes bien spécifiques pour relater son histoire. Voix-off omniprésente/omnisciente, narration explosée, montage survitaminé ou encore vraies-fausses images d’archives, tous les moyens sont bons pour rendre le long-métrage drôle, divertissant et accessible. Ce qui n’empêche toutefois pas ce dernier d’offrir un véritable propos. Derrière la folie douce qui l’anime, le film dresse en effet un portrait saisissant du politicien, figure de l’ombre à l’opportunisme dévastateur. Non seulement il parvient brillamment à mettre en lumière l’influence considérable du personnage sur la politique américaine (un élément qui transparaissait peu médiatiquement à l’époque), mais il dépeint aussi avec clarté et virtuosité toutes les conséquences de ses agissements. Extrêmement dense, le récit n’évite pratiquement aucun sujet, traitant autant des manipulations politiques et financières que des arrangements avec la constitution ou du mensonge d’état accablant utilisé pour justifier la guerre en Irak, et gonfler par la même occasion les bénéfices d’une multinationale pétrolière dont Cheney était justement PDG.
A travers le parcours stupéfiant de Dick Cheney, figure de l’ombre ayant occupé le poste de vice-président dans l’administration Bush, Adam McKay livre donc un biopic fascinant, aussi drôle et pédagogique que corrosif et effrayant. Satire cinglante de la politique américaine, le film peut notamment s’appuyer sur la prestation grandiose d’un Christian Bale méconnaissable pour marquer durablement les esprits.