Aujourd'hui, quand il ne résonne pas des clameurs des supporters ou des mégawatts des groupes rock, le Stade de France se visite comme un monument, avec un passage obligé par le fameux tunnel qui conduit les soirs de match les joueurs vers la pelouse. Une pelouse qui même si elle n'est plus d'origine - depuis 98 elle a bien dû être changée une trentaine de fois - donne des sensations. Ce gazon foulé par les champions du monde appartient désormais à la mémoire collective, au patrimoine " la Tour Eiffel, le Stade de France, le Musée du Louvre, c'est un peu tout Paris ". Et n ?allez pas dire aux enfants de Saint Denis, le berceau du Stade, que leur Stade se trouve à Paris. Immense lieu de spectacle, le Stade doit souvent se transformer en un temps record et passer de l'état de " simple " terrain de football à celui de circuit automobile sur glace ou de scène d'opéra !
Ce gazon foulé par Zidane ou Petit pousse près d'Orléans. Olivier, le jardinier du stade, y a réservé une parcelle que son fournisseur bichonne depuis un an. Des rouleaux de " moquette verte " seront découpés par une machine unique en France. Huit cent en tout seront acheminés et viendront remplacer la pelouse usée pour 150.000 euros, au rythme de deux ou trois fois par an. Entre les spectacles et les matchs, ce sont les pigeons qui foulent la pelouse et l'abîment. Mais l'autre prédateur et pas des moindres, c'est le joueur avec un carton jaune pour le gardien de but ! Ce soir, la France rencontre l'Angleterre pour un match amical. Les supporters commencent à arriver. Pour prévenir tout débordement, les services de Police et de gendarmerie déploient les grands moyens : 200 caméras couvrent allées, tribunes, parvis et les gares, avec en renfort un hélicoptère. Dans le ventre du Stade, un commissariat parfaitement équipé pour les cas de vols et de violence avec salle de garde à vue et geôles individuelles ou collectives.
Pour beaucoup d'habitants de Saint Denis, le Stade de France a été une reconnaissance " maintenant, on dit : Saint Denis Stade de France, ce n'est plus Saint Denis, le 93 ". Et à la porte du Stade, plus de huit cent noms sont gravés, ceux des huit cents anonymes qui ont cru au Stade de France, avant même que la première pierre soit posée.
Crédit photo : TF1 / Gérard Bedeau