Le vandalisme des radars par les gilets jaunes coûte cher en vies humaines

Publié le 01 mars 2019 par Sylvainrakotoarison

" Les révolutions sont des temps où le pauvre n'est pas sûr de sa probité, le riche de sa fortune, et l'innocent de sa vie. " (Joseph Joubert, 1938).

Ce qui était prévisible s'est hélas produit. Les statistiques de la mortalité routière du mois de janvier 2019, publiées ce mercredi 27 février 2019, sont hélas mauvaises avec une hausse de 3,9% des personnes mortes sur la route par rapport au mois de janvier 2018, soit 238 victimes. Il est encore beaucoup trop tôt d'expliquer précisément cette hausse, d'autant plus qu'il est nécessaire, pour cela, de connaître la vitesse moyenne sur les routes, mais les premières observations laissent comprendre que celle-ci a effectivement augmenté.
Pourquoi ? Parce qu'il y a, depuis le milieu du mois de novembre 2018, un phénomène particulièrement scandaleux : à ce jour, environ 75% des 3 275 radars automatiques installés en France ont été vandalisés par les gilets jaunes. Ces dégradations pourraient être considérées comme des opérations salutaires de type Robin des Bois pour protéger l'automobiliste moyen du vampire étatique assoiffé d'argent. Et disons-le évidemment : moins il franchit de radars, plus détendu est l'automobiliste. Pourtant, nous commençons hélas à le voir maintenant, la conséquence directe, comme je l'avais hélas envisagé déjà en janvier dernier.
Cette conséquence, c'est que ce vandalisme des gilets jaunes va être coûteux en vies humaines. Emmanuel Barbe, le délégué interministériel de la sécurité routière, a d'ailleurs affirmé sur LCI le 28 février 2019 que la perte d'efficacité du contrôle de vitesse a eu pour conséquence la mort d'environ 60 personnes en novembre 2018 et décembre 2018. Ces évaluations demandent probablement des approfondissements complémentaires, mais la France est dotée de nombreux outils qui permettent d'avoir ce genre d'évaluations. Les radars endommagés ne peuvent plus prendre de photographie exploitable mais peuvent encore mesurer la vitesse, et il est constaté qu'il y a quatre fois plus d'infractions (impunies donc) qu'auparavant.
Je veux rappeler ici quelques évidences à propos des radars. Comme certains, cela m'est arrivé d'avoir été flashé et de payer une amende à cause d'un radar automatique, mais au lieu de m'en prendre au radar, je m'en prends à moi-même. Il est faux de dire que le radar automatique est une "pompe à fric" : au contraire, je suis totalement libre de respecter le code de la route (au contraire, les pouvoirs publics m'y encouragent très vivement). Et le code de la route n'a pas été décidé pour avoir des règles, mais pour permettre à tout le monde de rouler ensemble le moins dangereusement possible. En respectant le code de la route, je ne paie aucune amende à l'État. Mieux, en respectant les limitations de vitesse, non seulement je ne paie pas d'amende, non seulement je paie moins de carburant (car je consomme moins), mais en plus, et c'est l'essentiel, je respecte mieux les autres, car je n'oublie pas que je ne suis jamais seul sur les routes que j'emprunte.
L'autre évidence, c'est que l'installation des radars automatiques décidée par Jacques Chirac (et pas Emmanuel Macron !) a permis de réduire de moitié la mortalité routière. Aujourd'hui, seize ans après la mesure, on compte à 40 000 le nombre de vies humaines qui ont pu être sauvées pendant cette période : cela aurait pu être vous, moi, ou un être cher... Les Français sont ainsi, plus proches des latins que des nordiques. En Grande-Bretagne, on n'a pas besoin de radars pour faire respecter les vitesses. En Italie, les radars installés ces dernières années ont été d'une redoutable efficacité, à la suite de la politique française. La peur du gendarme fonctionne : il ne faut s'en prendre qu'à l'immaturité des automobilistes dans leur ensemble.

En fait, les radars permettent surtout la prise de conscience que dépasser la vitesse maximale autorisée n'apporte pas le gain de temps attendu (la courbe n'est pas linéaire), alors que la respecter sauve des vies, et réduit la consommation. Ce qu'une ministre aurait d'ailleurs dû savoir (déléguée après du Ministre de l'Écologie d'ailleurs !...).
Remettre en cause cette politique, c'est vouloir revenir aux 8 000 morts par an. Or, le fait que les trois quarts des radars automatiques ont été vandalisés est un véritable scandale, pas pour les équipements de l'État (même si cela va coûter des dizaines de millions d'euros, on n'est plus à cela près avec plus de 2 000 milliards d'euros de dette publique), mais pour le coût en vies humaines. La crise des gilets jaunes serait alors un véritable mouvement de régression sociale, alors qu'elle est déjà, hélas, accompagnée de casseurs, de manifestants antisémites et autres extrémistes qui profitent des événements pour faire de l'entrisme et avoir accès aux médias, alors qu'ils ne représentent rien électoralement.
De plus, la destruction des radars n'est pas très maligne, car elle renforce l'idée qu'il vaut mieux que l'État sous-traite à des sociétés privées avec des radars embarqués qui ne risquent plus d'être détruits. Ces excès vont donc nécessairement engendrer une accélération de contraintes plus fortes en réponse, ce n'est pas malin.
Les radars, d'ailleurs, n'ont rien à voir avec la récente limitation à 80 kilomètres par heure dont le maintien est à l'honneur du gouvernement. Les radars détruits ne sont pas tous installés sur les routes concernées par la mesure, mais partout sur le territoire. C'est donc une véritable mise en danger d'autrui. Et comme aucun gilet jaune ne les représente, comme dans les manifestations du samedi où gilets jaunes riment désormais avec casses et violences urbaines, il n'y a aucune responsabilité et donc, aucune responsabilisation face à ces actes graves.

À Caen, un manifestant du samedi vient d'être condamné à trois ans d'emprisonnement ferme. La justice est donc capable d'être présente, rapide et sévère. Puisqu'il y a (encore) un État de droit, rappelons donc ce qu'encourent les destructeurs de radars automatiques : les articles 322-1, 322-2 et suivants du code pénal sont assez clairs là-dessus. La destruction, la détérioration ou la dégradation d'un radar est assimilée à une dégradation de bien public. La peine encourue est de trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende.
Si cette dégradation est faite "en bande" (c'est-à-dire à plusieurs), cette peine s'alourdit à cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende. Quant au simple taguage de radar ( " tracer des inscriptions, des signes ou des dessins, sans autorisation préalable, sur les façades, les véhicules, les voies publiques ou le mobilier urbain "), la peine est une amende de 7 500 euros et des journées de travaux d'intérêt général.
Je crois que c'est important de rappeler ces petites indications pénales. Les radars automatiques, loin d'être des pompes à fric, sont avant tout les grands rivaux des pompes funèbres car avec eux, il y a des dizaines de milliers de vies sauvées. Souvenons-nous-en !
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (28 février 2019)
http://www.rakotoarison.eu
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