Elle a de longs cheveux relevés en chignon que retient une écaille blanche. Son visage est beau, régulier, sans doute celui d’une bourgeoise, si ce n’est d’une élégante aristocrate. Ses yeux, dissimulés par des lunettes noires finement cerclées d’acier, parfois elle les dévoile, le temps de jeter un coup d’œil à l’horloge. Je les crois noisette avec des marbrures plus sombres. Son corsage a la couleur et la délicatesse d’un myosotis. Une découpe ovale fait signe vers une poitrine ferme bien qu’opulente. Taille mince que cerne une ceinture de cuir. Jupe courte pourvue d’une fente latérale. Les jambes sont longues, fuselées, bronzées malgré cette saison qui s’ouvre à peine aux premiers éclats du soleil.
Hormis son intérêt pour le temps qui passe inexorablement, pour sa lecture qui semble fluide et ininterrompue, rien ne semble pouvoir la distraire de sa tâche. J’en éprouve, je dois bien me l’avouer, un léger pincement au cœur. Je ne suis peut-être qu’un adolescent attardé qui croit à ses fantasmes et les projette en toute inconscience sur le premier jupon croisé. J’aime beaucoup sa façon étonnamment sensuelle de mouiller légèrement son index droit, de faire glisser insensiblement la feuille de papier afin qu’une nouvelle en prenne la place, que la lecture l’inonde de sa vigoureuse sève
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Emois
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