La zone se situe dans l'actuelle Jordanie, dans une plaine circulaire appelée Middle Ghor. La plupart des indices sur cet évènement provient de données archéologiques du site de fouille de l'âge du bronze, Tall el-Hammam. Certains érudits rapportent d'ailleurs que ce serait la ville de Sodome décrite dans la Bible.
Les archéologues fouillent le site de Tall el-Hammam depuis 13 ans et ils ont mis au jour des preuves assez convaincantes supportant l'idée d'une explosion dans les airs.
Ces découvertes ont été présentées en novembre dernier à la rencontre annuelle de l'American Schools of Oriental Research, par l'archéologue Phillip Silvia de l'Université Trinity Southwest. Elles ont aussi été publiées dans un article par Silvia et l'archéologue, co-auteur, Steven Collins sous le titre: "The Civilization-Ending 3.7KYrBP Event: Archaeological Data, Sample Analyses, and Biblical Implication"
Tall el-Hammam était une cité-état en plein essor occupant le Middle Ghor. La civilisation a occupé la région pendant 2500 ans. La ville elle-même était le centre administratif du royaume et était protégée par un mur d'enceinte d'une épaisseur jusqu'à 30 m et d'une hauteur allant jusqu'à 15 m, pour une longueur de plus de 2,5 km (Voir l'article à ce sujet publié en 2012: De nouvelles découvertes à Tall El-Hammam). Le mur avait de multiples portes, tours et probablement d'autres caractéristiques défensives.
Mais tout a été balayé lorsque la météorite a percé l'atmosphère et a explosé au-dessus de la région. Les preuves rassemblées sur le site de Tall el Hammam racontent l'histoire de l'événement.
Lorsque la météorite a explosé, il y a eu une onde de choc extrêmement chaude et puissante. Elle a détruit toutes les implantations de la région et rasé une superficie de 500 km2. Suite à cela, la région est restée inhabitée pendant près de 700 ans.
Plusieurs sources d'indices soutiennent la probabilité de cet événement.
Silvia et Collins disent dans leur article que la destruction et les dégâts causés aux murs et autres structures de la ville sont directionnels, ce qui conforte l’idée d’une onde de choc.
Par le passé, les archéologues s'étaient demandés si un tremblement de terre n'était pas à l'origine de l'effondrement de la région, mais cela n’aurait pas causé le type de dommage directionnel présenté par les structures et les fortifications restantes.
Les archéologues s'étaient également demandé si un tremblement de terre ayant provoqué de brûlantes éruptions pétrochimiques aurait pu causer la destruction. Ce brûlage aurait expliqué les épaisses couches de cendres à Tall el-Hammam, mais n'explique pas "l'absence à grande échelle de briques crues qui seraient typiques des dégâts causés par un tremblement de terre", selon l'article.
Les archéologues étudient la région depuis 13 ans afin de trouver d'avantage de preuves pour expliquer cet événement soudain.
D'après Silvia et Collins, ils l'ont trouvé: un éclat de poterie a été découvert dans la ville dont un côté s'était vitrifié. Seule une chaleur extrême peut faire cela.
L’examen a révélé la présence de cristaux de zircon à l’intérieur d’une bulle dans le verre qui n’a pu se former qu’à des températures supérieures à 4 000 degrés Celsius. De plus, la couche d'argile fondue qui s'est transformée en verre ne représente qu'un mm, non pas toute la profondeur du tesson.
Cela indique seulement une brève bouffée de chaleur intense, plutôt qu'une longue exposition causée par des éruptions pétrochimiques enflammées.
L'équipe de recherche a conclu que le tesson a été exposé à une température entre 8000°C et 12000°C pendant à peine quelques millisecondes. Cela confirme l'idée d'une explosion dans les airs.
Sur le site, les chercheurs ont aussi trouvé ce que l'on appelle une "roche fondue" de 600 grammes. C'est une agglomération de trois différentes pierres fondues ensemble par une température extrême et vitrifiées. Il y a aussi la présence de cristaux de zirconium, et des analyses plus avancées ont conclu que la roche a été exposée à une température de 12000°C pendant quelques secondes.
La dernière preuve concerne ce qui s'est passé dans les environs de Tall el-Hammam après la destruction. Cette zone est considérée comme la région agricole la mieux arrosée de la région. Or, après la destruction de la cité-État de Tall el-Hammam, cette région est restée inoccupée pendant environ 700 ans.
Qu'est-ce qui aurait pu causer cela si la chaleur extrême n'a duré que quelques secondes ?
La réponse se trouve dans le sol, d'après les scientifiques. Six échantillons prélevés au-dessus, à travers et sous la couche de sol à partir du moment de l'événement ont été analysés géochimiquement.
Les résultats ont montré "des niveaux de sel et sulfate supérieurs à 6% (60000ppm) dans les couches de cendre et supérieurs à 5% (50000ppm) dans les couches de sol juste au-dessus et dessous la couche de cendre" d'après l'article.
La source de ces contaminants devait être la mer Morte, qui borde la région du Middle Ghor. Les deux scientifiques rapportent que l'onde de choc massive et la vague de chaleur ont non seulement détruit les colonies, mais l'onde de choc a aussi déposé une couche de sel sur le sol, le détruisant et le rendant inapte à l'agriculture pendant des centaines d'années.
Il faut seulement 12 800 ppm de sel pour empêcher le blé de germer et 17 900 ppm de sel pour empêcher la croissance de l'orge. Ces seuils ont été largement dépassés.
Il y a d'autres indices laissant penser à une explosion au-dessus de Tall el-Hammam
Les sites de météorites comme Chelyabinsk et Tunguska ont les mêmes caractéristiques que Tall el-Hammam. Il y a des niveaux élevés de platine, un taux élevé de sphérules magnétiques, et aussi un taux élevé de ce qu'on appelle des objets de type scorie.
Les chercheurs ont conclu qu’une explosion équivalent à une tête nucléaire de 10 mégatonne s’est produite à environ 1 km au-dessus du nord-est de la mer Morte. Cela expliquerait de manière adéquate toutes les preuves rassemblées à Tall el-Hammam.
Certains érudits pensent que Tall el-Hammam est la ville de Sodome citée dans la Bible. Le fait est que cela se situe au bon endroit, et qu'une explosion de météorite expliquerait certainement ce passage: "Alors le Seigneur répandit du soufre brûlant sur Sodome et Gomorrhe - du Seigneur qu'il vint du ciel. 25 Ainsi, il renversa ces villes et la plaine entière, détruisant tous ceux qui vivaient dans les villes - ainsi que la végétation du pays."
Il est intéressant de noter que la citation mentionne spécifiquement le soufre, car une couche de sulfates et de sel s'est déposée sur la région à la suite de l'événement, détruisant la végétation sur le sol.
Cependant, tous les scientifiques ne sont pas d'accord. Certains spécialistes pensent que la géographie n'est pas correcte. D'autres que la chronologie ne correspond pas.
Mais avec cette nouvelle étude, les deux parties devront reconsidérer toute la question. La Bible est intéressante d’un point de vue historique, car elle entremêle parfois des événements réels de l’histoire et la mythologie chrétienne.
Merci à Quentin pour l'info !
Source:
- News Network Archaeology: "Exploding meteor may have wiped out communities near Dead Sea 3,700 years ago"
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