"J’ai quitté Dakar pour venir au Burkina. Je ne voulais pas rater le cinquantenaire du Fespaco. J’ai laissé les élections derrière moi juste pour venir vivre ce formidable moment" confie une cinéphile.
1969-2019. Voilà cinquante ans que la ville de Ouagadougou est le lieu de mémoire du cinéma africain. "Cinquante ans c’est l’âge d’or qui nous interpelle sur notre passé et notre devenir; les acquis, le manquement et le repositionnement nécessaire pour mieux aborder l’avenir" affirme Ardjiouma Soma, délégué général du Fespaco. 2140, le nombre de films projetés depuis1969. 160 prix décernés et 25 éditions. Ce grand rendez-vous du cinéma se déroule tous les deux ans et réunis les professionnels et festivaliers venus des quatre coins du monde.
165 films sur 1.000 inscrits ont été retenus pour cette édition du festival. 21films dans la sélection court métrage documentaire; 15 pour celle court métrage fiction; 28 au niveau des séries télévisuelles; 12 films d’animation et 16 films des écoles de cinéma. 20 films en long métrage fiction de 16 pays africains dont la diaspora sont en lice pour le prestigieux trophée, l’"Etalon d’or de Yennenga". quatre réalisateurs burkinabè concourent pour ce trophée. Ce sont Apolline Traoré avec son film intitulé "Desrances]"; Abdoulaye Dao et Hervé Eric Lengani avec Duga "les charognards" et Issaka Lengani avec son film "Hakilitan" (mémoire en fuite). Le président du Faso, Roch Kaboré, a mis à la disposition des cinéastes du Burkina Faso, un budget substantiel de un milliard de Francs CFA pour la production de films de qualité, en vue d’une meilleure représentation du pays au Fespaco. Neuf salles de cinéma à travers la ville de Ouagadougou sont ouvertes pour les différentes projections. L’Institut français a même rouvert ses portes.
Ouagadougou est la seule ville au monde qui possède une place des cinéastes sur laquelle se déroule à chaque édition du Fespaco une cérémonie d’hommage aux cinéastes disparus.
Dimanche dernier, une commémoration de libation a eu lieu à cette place. 2,5 m, c’est la taille de la statue de bronze érigée en hommage au cinéaste camerounais Pipa Dikongué, lauréat de l’"Etalon d’or de Yennenga" en 1976 avec son film "Muna moto".
Elle vient s’ajouter à celles du Sénégalais Sembene Ousmane, du Malien Souleymane Cissé et des Burkinabè Idrissa Ouédraogo et Gaston Kaboré.
Malgré les risques sécuritaires du pays avec les attaques terroristes, beaucoup de gens ont fait le déplacement pour Ouagadougou. Un dispositif sécuritaire impressionnant a été mis en place. Présence des forces de sécurité intérieure sur tous les sites du festival. Les festivaliers sont soumis à toutes sortes de contrôle: fouilles corporelles, vérifications d’identité, contrôle minutieux des sacs à main etc. Armes à feu, objets tranchants ou contondants sont interdits. Pour le président de la commission sécurité, le commissaire divisionnaire de police Joseph Toni, tout se passe bien: "Toutes les forces de défenses et de sécurité sont engagées pour rassurer les festivaliers. Assurer leur sécurité et la protection de leurs bien". Rassurant pour certains cinéphiles: "c’est vrai qu’il y a des risques sécuritaires au Burkina, mais je constate que Ouagadougou est sécurisé. Même si vu de l’extérieur on a un autre son de cloche". Nonobstant ces signes de confiance, les festivaliers ont été invités à respecter scrupuleusement les consignes de sécurité.
Le Rwanda est le pays invité d’honneur pour cette 26e édition après l’Égypte en 2015 et la Côte d’Ivoire en 2017. Les présidents rwandais et maliens sont attendus le 2 mars à la cérémonie de clôture. Yennenga rentrera-t-elle chez elle ?...
Depuis plusieurs mois maintenant, les médias de tous bords, les politiques et d’autres encore, nous rebattent les oreilles avec la violence. Principalement celle occasionnée par les gilets jaunes et les casseurs qui semblent les accompagner...