"Le lieu le plus intéressant est celui où terre et mer se rejoignent"
Ralph Waldo Emerson
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Pourquoi sommes-nous émus par les navires?
Parce qu'ils renforcent la présence de la mer.
Et par la mer?
Parce qu'elle rend manifeste le mystère de la limite.
Le supplice de l'intelligence est de penser la limite du monde -
mais le rivage est la limite absolue, le commencement d'une autre intelligence."
Guy Etienne
" ...Alors dans la neuvième année,
pendant le dixième printemps,
elle sortit des flots sa tête,
leva son front hors de la mer,
entreprit la création,
se mit à modeler le monde
sur le dos brillant de la mer,
au sein des ondes infinies.
Partout où sa main se plaça,
elle créa des promontoires;
partout où son pied se posa,
elle fit des trous à poissons;
partout où son corps se courba,
elle creusa d'énormes gouffres.
Du flanc elle effleura la terre,
formant les rivages unis,
du pied elle frappa la terre.
Dressant les pièges à saumons,
du front elle toucha la terre,
modelant les anses profondes.
Elle s'éloigna vers le large,
s'arrêta sur la mer ouverte;
elle façonna les récifs,cacha les écueils sous les eaux
pour le naufrage des navires,
pour le trépas des matelots.
Déjà les îles sont placées,
les récifs fixés dans la mer;
les piliers de l'air dressés,
les continents sont évoqués,
les signes gravés sur la pierre,
les mots inscrits sur le rocher..."
Elias Lönnrot extrait de: "Le Kalévara"
" Le Kalevala (la "terre nourricière des héros"), est un très long poème de 22795 vers répartis en cinquante chants, composé par Elias Lönnrot au milieu du XIXe siècle à partir de chants populaires finlandais de tous âges et de tous genres.
Le 28 février on célèbre en Finlande la journée du Kalevala pour commémorer la première édition du livre." SOURCE
"L'échappée, ah-cette lueur bleu sombre
le long du fleuve
puis l'éclair d'ambre doré
puis encore
la lueur bleu sombre tout le long du fleuve
(vieux rafiot noir là-bas traînant près d'un gros paquebot blanc)
et les nuages filant bas
au-dessus des vagues grises aux crêtes écumantes
(ah cette courbe qui se brise)
et en-haut
le vol noir des goélands
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Kenneth White extrait de: "La porte de l'ouest"
Partir.
"S'il vient sauras-tu le prendre le navire annoncé par les cinq océans
Sauras-tu éviter les vagues qui viennent mordre le rivage,
l'écume dans la gueule, blanche à faire reculer la nuit
pour que le jour ne s'achève jamais
pour que tu ne te reposes plus,
il y a tant à faire sous le soleil
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S'il vient sauras-tu l'ennoblir ce bateau?
Décroche un croissant de lune
et voici une coque longue et fine comme une goélette,
taille quelques rayons de soleil
et voilà un fier trois mâts qui relève la tête,
saisis une étoile filante en vol
et tiens bon la queue d'une comète
et mets toutes voiles de feu dehors.
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Vers le nord,
au pays des couleurs bleues où la neige est blanche
où les troupeaux de rennes traversent les vallées qui descendent dans les fjords
nous donnant la mer à la bouche.
Vers le nord, où vagabondent les poésies
qui nous entraînent dans les pays du beau et du bon.
Pars, comme se baladait le nain sur l'oie sauvage
tu prendras le premier oiseau qui dépliera ses ailes devant ta maison.Ses plumes racontent que dans le froid, il y a une odeur de cheminée,
une main qui désire la tienne.
Des moufles en laine de toutes les couleurs qui galopent sur la prairie.
Ecoute le chant des bâtisseurs de cathédrales,
leurs voix maçonnent des fenêtres dans nos coeursleurs mains nous montrent les épaves des châteaux de sable,
s'agenouillant à la marée.
Implorant la princesse à la robe d'écume
pour qu'elle revienne du nouveau monde
nous raconter des histoires à dormir debout contre la vie."
Yvon Le Men "Partir"