Un dimanche dans la vie d’artiste. Lever 8 heures, TGV à 9 h 30 à Montparnasse, arrivée à 12 h 30 à la Rochelle, balances à 13 heures. A 14 h 30, 120 minutes avant de rentrer sur la théâtre Verdière de la Coursive, Alister et ses trois compères viennent de recevoir leurs plateaux repas dans leur loge au premier étage de la Coursive. ” Trente secondes pour manger” mais pas stressé pour un sou. “Ben en fait, je ne le suis jamais quand je chante l’après-midi. Je ne sais pas pourquoi. Et puis il y a l’environnement: il fait beau, on vient d’arriver, les gens sont détendus.”
Mais Alister, c’est qui exactement ? Vous le connaissez forcément, via le miroir grossissant du petit écran. “La minute blonde” sur Canal +, les textes d’”Un gars, une fille” sur France 2, c’est lui. Cheveux longs et barbe bien fournie. “J’ai fait de la télé pendant six ans, raconte le jeune trentenaire. A un moment, quand vous écrivez des textes comiques comme cela, vous arrivez à bout de souffle, vous tournez un peu en rond et il faut passer à autre chose. Je suis revenu à la musique.” Il en venait, avec un style alors “plus léger, frais d’un mec de 20 ans”, il n’avait jamais arrêté d’écrire. Tout a basculé quand Barclay a repéré une de ses maquettes et l’a fait signer pour un album. Le reste ? Le bouche à oreilles, Internet qui popularise son clip “Qu’est-ce qu’on va faire de toi ?” et un boum dans les oreilles d’amateur de rock cherchant de nouvelles références. ” Aujourd’hui, pour vous faire repérer, il n’y a pas 50 choix: soit vous faîtes la Star Ac, soit vous profitez d’Internet, soit vous tournez pendant dix ans dans tous les bars français. Mais encore, dans le dernier cas, je ne sais pas si vous êtes sûr d’y arriver sans un brin de chance. C’est triste, mais aujourd’hui, comment faire pour se sortir de trucs comme la Star Ac, où vous êtes propulsé devant en à peine quinze jours ? Je me pose la question.”
Mais Alister, c’est quoi exactement ? De la pop, des textes qui font sourire, des influences de Lou Reed. “Je l’ai dit une fois dans une interview et, maintenant, je le vois repris partout. C’est vrai que c’est une idole, je ne l’ai jamais rencontré et quelque part, c’est peut-être mieux comme ça: une idole, il n’est parfois pas bon de la croiser. Mais j’ai d’autres inspirations: Iggy Pop, les Stones.” Avec une démarche bien à lui: ” je travaille d’abord sur les instrumentaux, anglais et américains. A partir de là, je cherche à poser mes textes, ce qui n’est pas toujours évident en français. Il faut faire très attention sur le phrasé.” Le fond: ironique, décapant, jamais lourdingue non plus et réfléchi. “ Parfois, j’ai des idées de chansons sérieuses. Mais, je me dis: une chanson d’amour classique, ça peut être très beau, mais ça a déjà été tourné dans tellement de sens, que puis-je apporter de plus ? Alors je rajoute des phrases de déconne. A l’inverse, si je vois que je vais trop loin, je rajoute quelques touches de gravité.”
"QU'EST-CE QU'ON VA FAIRE DE TOI ?" (CLIP OFFICIEL)
envoyé par alister
Mais Alister, c’est comment la célébrité ? “Pff… On a dû me reconnaître en tout et pour tout deux fois dans le métro à Paris…” Apparemment, le garçon, particulièrement dispo, n’a pas les chevilles qui enflent. A la fin de l’interview, c’est lui qui remercie, chose devenue rare dans le milieu. “Franchement, je n’ai rien changé à ma vie. Au contraire, la pression, elle est plus due au fait que je ne sais pas trop où j’en suis. D’un côté, j’ai la famille ou des potes qui m’appellent en me disant: on t’entend de plus en plus à la radio, tu passes en boucle. d’un autre, je ne sais pas si l’album marche vraiment.” Si, si, on lui dit. Et ça change quelque chose pour le prochain album en préparation (il va réunir les maquettes) ? “Non, j’écris tout le temps, je fais ce que je sens. Ce qui est plus compliqué est qu’à partir d’octobre, on a 25 dates environ prévues, et il faut tout gérer.”
Et Alister, en fait, sur scène ? Il y a quinze jours, il a fait l’ouverture du festival d’Evreux. “Il n’y avait presque personne mais c’était une grande scène, un peu lunaire au milieu de l’hipodrome. C’était sympa.” Aux Francos, c’est le théâtre de La Coursive, pas vraiment le même genre. “Oui, mais ça ne me dérange pas. J’aime bien changer. La question que je me pose plus à chaque fois lors des festivals, c’est: quel sera le public ? Mes concerts gardent toujours un cadre mais, après, dans les dialogues d’entre-morceaux, j’essaie de m’adapter, d’aller chercher les gens s’ils sont un peu timides.” Cet après-midi, il n’a pas lésiné, pour meubler parfois (pendant des réglages de sons) et pour dérider une salle pleine à craquer mais peinant à s’enflammer à l’heure du goûter. Faux dilettante et plein d’autodérision, Alister a toutefois décroché une approbation générale. On le reverra.
Alister aux francofolies
envoyé par journalsudouest
N.L.G Vidéo : RP