Avec « Ancien Majesty », le dernier album du groupe Portier Dean, le duo nous prouve que les Français peuvent aussi brillamment maîtriser les codes de la musique pop anglophone. Biberonnés au rock, Gwendal et Gildas ont choisi comme « musique maternelle », à défaut de langue maternelle, la musique anglo-saxonne et grand bien leur en a pris. Dans cet album, en quelques accords les trentenaires nous font voyager avec des titres forts comme Pythia où les artistes nous font passer d’un registre orchestral à une pop douce sur laquelle on a envie de se laisser emporter. Les médias comparent parfois Portier Dean à The National ou Arcade Fire. On leur souhaite autant de succès.
Comment avez-vous fait vos premiers pas dans la musique ? Nous ne sommes pas du tout issus de familles de musiciens. Nous avons eu l'idée de faire de la musique parce que nous avions des amis au collège qui jouaient de la batterie et de la guitare. On a vite accroché. On trouvait ça réjouissant de pouvoir reproduire nous même la musique qu'on aimait. Et puis après, on s'est amusé à composer des morceaux. D'où vient le nom "Portier Dean" ? Portier et Dean ce sont deux noms de familles rencontrés par hasard sur un interphone. Nous les avons adoptés. Ils sont très différents, c'est ce qui nous a tapé dans l’œil : « Portier » évoque quelque chose de physique, d'ordinaire tandis que « Dean » est cinématographique, littéraire et légendaire. Lorsqu'on écoute votre musique on pourrait penser que vous êtes un groupe anglais ou américain. Comment votre style musical s'est construit ? Très clairement nos influences sont majoritairement anglophones. On baigne dedans depuis qu'on est petits, surtout du rock au départ. De la même façon que notre langue maternelle est le Français, notre "musique maternelle" est la musique anglo-saxonne. Nous ne cherchons pas à faire "américain" mais par la force de ce "maternage sonore" notre vocabulaire et notre accent musical peuvent sonner américains. Mais nous écoutons vraiment de tout sinon, du rock bien sûr mais aussi de la pop, de l'électro, du hip-hop... et pas exclusivement en Anglais. Plus le temps passe et plus nous intégrons ces influences variées dans notre musique. C'est le cas dans notre album Ancient Majesty. Que raconte votre 1er album Ancient Majesty ? Ancient Majesty rassemble des titres qui évoquent des valeurs qui nous sont chères : l'amour, l'espérance, la nature, le partage... De qui vous êtes-vous entourés pour le créer ? Il y a eu deux phases, nous avons composé surtout à deux, dans un premier temps, en nous laissant guider par le jeu, l'expérimentation. Dans un second temps, pour les arrangements et la réalisation, nous avons été épaulés et guidés par Adrien Leprêtre de Samba de la Muerte et Concrete Knives. Il a été très précieux en nous aidant à aller au bout de nos idées et à rendre notre son plus abouti.
Que raconte le titre Pythia ? En quelques minutes vous changez de registre dans ce titre, comment ce morceau a été construit ? Pythia parle de la prêtresse d’Apollon dans le temple de Delphes. Les puissants de la Grèce antique venaient la consulter pour connaître leur avenir. Droguée, plongée dans une forme de transe, elle se mettait à parler dans son délire et livrait des phrases incompréhensibles. Mal interprétés, ces augures incitaient des malheureux à des actes qui les menaient à leur perte. Ce morceau est parti d'une improvisation avec une ligne de basse et un rythme brut, répétitif. Nous avons voulu tirer ce fil tout au long du morceau avec les mêmes accords en introduisant des variations, une montée. Un peu comme une transe qui atteint son apogée. Quels sont vos projets ? Dans l'immédiat, nous voulons faire vivre notre album qui vient de sortir. Nous avons pas mal de concerts qui s'organisent jusqu'à l'été, qui vont nous faire voyager en France et même en Allemagne. Et puis nous avons déjà des envies et des idées pour composer de nouveaux morceaux. Vous êtes plus addicts à Facebook, Twitter, Snapchat ou Instagram ? Surtout Facebook et Instagram. Mais on n'est pas vraiment "addicts", pas encore en tout cas on espère :-) Vous écoutez quoi en ce moment ? Gwendal : Je fais tourner pas mal un album de 2015 "Kinshasa" de Mbongwana Star. Une musique vraiment puissamment charnelle. Gildas : Je suis constamment en train de fouiller sur Spotify, de surveiller les nouveautés sur Pitchfork et NPR par exemple, je vais souvent aller chercher des disques plus anciens aussi. En ce moment j'écoute beaucoup de death metal, Thy Art is Murder, par exemple, mais j'écoute pas mal aussi Lord Esperanza et Odezenne, qui sont beaucoup plus hip-hop... Je n'ai pas vraiment de barrières en termes d'écoute.
Selfie - Gwendal
Selfie - Gildas
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