Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 301

Jaune

Les « gilets jaunes » se sont imposés dans ce qu’on appelle la société française, au point que d’autres les imitent, nous dit-on. Mais je ne suis pas assuré que la couleur de leur vêtement ne soit pas plutôt une variété de vert mais je ne suis pas peintre.
Pourtant, le jaune avait un lourd passif, de la couleur des cocus à celle des traîtres, les non grévistes, sans oublier celle de l’étoile que les nazis obligeaient les juifs à porter. Nul ne pouvait désirer s’en réclamer avant qu’arrivent les gilets.
Il est vrai qu’on avait obligé tout automobiliste à s’en munir ce qui a imposé à chacun le même uniforme. Tout le monde en disposait pour une somme modique ce qui en faisait nécessairement l’uniforme du peuple. Ceux d’en bas, s’en sont emparés et il n’est pas difficile d’en voir l’originalité, l’importance des femmes, la demande de paroles, la complicité qui règne dans les manifestations. Ils n’ont besoin ni de chefs, ni d’organisation. Il est vrai que je suis allé manifester en rouge, fluorescent il est vrai, sans que quiconque trouve à redire. Ce mélange jaune/rouge va-t-il devenir de plus en plus banal dans les semaines qui viennent ?

Bernard Traimond