Dans son roman Roses des Alpes et Gentianes, à présent publié en français, Joseph Bajuvar insère des lettres que le protagoniste du roman, le jeune roi Louis II de Bavière, adresse à une jeune femme. Elisabeth de Rehbach, dont il est devenu l'ami. Elisabeth aime secrètement le roi qui, de son côté, éprouve une tendre amitié pour Elisabeth, sans que cette amitié ne se voie couronnée par un projet d'union. Ce sont des affinités électives qui ne connaissent qu'une seule divergence d'opinion qui porte sur l'appréciation de l'oeuvre de Richard Wagner. Dans le roman, le roi commente longuement son amour de l'oeuvre de Wagner dans les lettres qu'il adresse à son amie Elisabeth :
Vous me faites des questions sur Richard Wagner. Enfin ! enfin... Il faut que je vous avoue, chère amie, que votre indifférence sur ce point m'a blessé. Peu après la représentation de Tristan et Yseult, en parlant de lui, nous avons été vifs tous deux, et l'entretien a cessé brusquement. Plume en main, on peut être plus calme. Que je vous dise donc comment Wagner est entré si puissamment dans ma vie. [...]
Que vous êtes avisée et fine, Elisabeth ! Vous comparez ma préférence pour la musique de Wagner à ma passion pour le parfum du jasmin que vous n'aimez pas. Il y a bien quelque affinité entre l'un et l'autre : tous deux ont quelque chose d'enivrant et d'excessif. Aussi ce n'est pas mon amitié pour Wagner que vous blâmez, mais ce que vous appelez mon penchant à attribuer des qualités divines à des hommes nés de poussière. Vous pensez avec effroi à l'influence que Wagner exerce sur moi, et plus encore à l'impression que je pourrais éprouver de la rupture de cette amitié.
Nous venons de publier la traduction française du petit roman de Joseph Bajuvar Roses des Alpes et Gentianes dans un petit volume intitulé Des fleurs pour le Roi Louis II de Bavière. Louis II, - ou du moins son personnage, - y explique en quelques pages sensibles son incommensurable admiration pour le compositeur et sa musique (pp. 81 et suivantes).