Plutôt que de laisser l'utilisateur se débattre avec ses comptes après lui avoir présenté sa position budgétaire sous une forme aussi esthétique qu'implacable, tout le monde sait dorénavant qu'il est préférable, pour l'efficacité et la performance de l'approche, de comprendre son comportement, à travers une analyse de ses opérations, de lui prodiguer des conseils pratiques afin de corriger ses défauts ou de l'aider à réaliser ses projets et de lui permettre de mettre en œuvre ces recommandations d'un geste.
Dans le cas de Strands, le concept se traduit par l'identification de plus de 200 situations spécifiques – difficultés ou opportunités – donnant lieu chacune à une ou plusieurs propositions d'actions, conçues pour développer une meilleure santé financière. Un exemple typique est la détection d'un prochain passage à découvert, qui pourra conduire à suggérer d'effectuer un virement depuis un autre compte ou de demander une ligne de crédit. Autre cas, une entreprise dont les résultats sont en forte croissance depuis 3 mois se verra orienter vers un produit d'épargne ou la création d'une nouvelle provision.
Naturellement, le plus grand défi auquel feront face les banques qui souhaiteront adopter la solution Engager 2.0 est celui de l'intégration. En effet, une fois sélectionnées les préconisations qu'elles voudront associer aux différents événements détectés, elles devront faire en sorte qu'elles soient exécutables avec un minimum d'effort (idéalement un appui sur un bouton). Si l'utilisateur est renvoyé vers un processus complexe ou, pire, vers son conseiller habituel, il ne faudra pas s'étonner d'une déperdition massive.
La progression des outils de PFM vers l'accompagnement pro-actif du client est extrêmement prometteuse pour l'avenir d'un segment de marché qui tend aujourd'hui à piétiner, faute de valeur démontrée. Malheureusement, le déploiement de ces fonctions risque d'être sérieusement ralenti par les contraintes qu'il impose sur l'existant, car, dans une certaine mesure, on peut considérer que la mise en place d'API sur tous les composants du Système d'Information constitue un pré-requis incontournable.
Incidemment, il n'est probablement pas de hasard si la singapourienne DBS, une des banques pionnières dans ce type de recommandations actionnables (avec Moneythor), est également l'une des plus avancées en matière d'exposition de ses services.
L'occasion est excellente pour rappeler que la publication d'API ne se réduit pas à une exigence réglementaire. Ici, elle relève d'un enjeu beaucoup plus important de flexibilité : dans l'univers « digital » contemporain, les produits financiers s'insinuent dans les gestes du quotidien, dont le coach budgétaire est un des avatars, et cette vision ne sera possible qu'à la condition de pouvoir les insérer très simplement dans d'autres contextes.