Il devait être banni des tickets de caisse comme des contenants alimentaires au 1er janvier 2015. Mais la réalité est tout autre : cette étude de l’Université de Grenade, menée sur une centaine de tickets de caisse collectés au Brésil, en Espagne et en France, montre que plus de 90% contiennent toujours du bisphénol A (BPA). Avec le risque d’activité anti-androgénique similaire à celle d’une hormone. Les chercheurs alertent, dans la revue Environmental Research sur le risque, en particulier en cas de contact avec les aliments.
Car les substances retrouvées dans une majorité de la centaine de tickets analysés peuvent induire l'infertilité, des malformations génito-urinaires, ou encore l’obésité et certains cancers, écrivent les chercheurs dans leur communiqué. Un risque qui commence d'ailleurs à être bien documenté avec l'exposition au BPA, le perturbateur endocrinien peut-être le mieux connu.
À l'heure actuelle, l'exposition d'ailleurs non suspectée de la population générale au bisphénol A suscite de vives préoccupations. L'industrie a cherché des solutions de remplacement –comme le BPS– pour remplacer progressivement le BPA dans la plupart de ses applications, comme c'est le cas dans les tickets. Le type de papier alors utilisé est facilement identifiable car il noircit instantanément si on le place près d'une source de chaleur, comme une allumette, par exemple et le BPA s’effrite sous forme d’une poudre blanche qui colle aux doigts. Ici, les chercheurs analysent la présence de BPA et de BPS dans ces tickets en papier thermique, 112 exactement, collectés au Brésil, en Espagne et en France.
Les résultats sont frappants :
- plus de 90% des tickets analysés contiennent du BPA et présentent cette activité anti-androgénique redoutée ;
- en France, c’est la moitié des tickets qui contiennent encore du BPA, ce qui suggère tout de même une certaine efficacité des mesures prises par le gouvernement pour réduire l'utilisation de ce composé chimique dans le papier thermique ;
- la substitution par le BPS, plus largement adoptée en France, l’est encore très rarement dans les autres pays couverts par l’étude. Malheureusement, le BPS est également un perturbateur du système endocrinien et sa persistance est supérieure à celle du BPA, ce n’est donc pas une option valable ! Son utilisation pourrait pourtant s’accroître dans les années à venir, car sa réglementation n'est pas aussi stricte, à ce jour, que celle du BPA.
Un échec des contrôles de toxicité pour les composés chimiques dans notre environnement. Il semble que des politiques réglementaires soient établies a posteriori, lorsque l’exposition humaine est évidente, écrivent les auteurs.
Les chercheurs recommandent au public de manipuler ces tickets avec prudence et d’éviter notamment leur contact avec des aliments, ne pas froisser machinalement pour les jeter à la poubelle ou s’en servir pour écrire un « pense-bête ».
Source : Environmental Research March 2019 Determination of bisphenol A and bisphenol S concentrations and assessment of estrogen- and anti-androgen-like activities in thermal paper receipts from Brazil, France, and Spain (Visuel University of Granada)
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Équipe de rédaction Santélog Fév 20, 2019Rédaction Santé log