Je remercie chaleureusement Babelio et les Editions Flammarion Jeunesse pour l’envoi de ce roman!
« Un si petit oiseau » est un joli roman feel-good sur le réapprentissage, la quête du bonheur et les choses simples de la vie après un événement traumatique.
Le livre : « Un si petit oiseau »
Crédit photo : Cosmic Sam
L’autrice : Marie Pavlenko est une romancière française, auteure d’ouvrages de littérature d’enfance et de jeunesse. Elle a d’abord été journaliste dans la presse écrite avant de se lancer dans la fiction. En 2013, elle obtient le Prix Elbakin du meilleur roman fantasy Jeunesse français avec son roman « La Fille-sortilège ». Elle a également rencontré un beau succès avec son livre « Je suis ton soleil ».
Pour la suivre, c’est ici !
Le résumé : « Après un accident de voiture qui l’a laissée meurtrie, Abigail rentre chez elle. Elle ne voit plus personne. Son corps mutilé bouleverse son quotidien, sa vie d’avant lui est insupportable. Comment se définir quand on a perdu ses repères, qu’on ne sait plus qui on est, que la douleur est toujours embusquée, prête à exploser ? Grâce à l’amour des siens. Grâce aux livres. Grâce à la nature, au rire, aux oiseaux. Avec beaucoup de patience, peu à peu, Abi va réapprendre à vivre. »
Mon avis : Cette histoire est émouvante et se lit très rapidement (en quelques heures). Il s’agit de celle d’Abbie une jeune femme brillante et ambitieuse dont le plan de vie était tout tracé et qui, pourtant, va devoir tout remettre en question et réapprendre à vivre après un accident de voiture qui va entraîner l’amputation de son bras.
C’est non seulement la fin de ses espoirs de devenir vétérinaire, mais Abbie perd également ses repères et son estime d’elle-même. Elle sombre alors dans la dépression en entraînant ses proches dans son sillage.
C’est grâce à son exubérante tante Coline (un peu gaffeuse), un beau jeune homme mystérieux et la littérature qu’Abbie va enfin envisager de se reconstruire et accepter cette nouvelle vie.
La nature et les animaux (notamment les oiseaux) occupent également une place symbolique importante dans l’histoire puisque c’est en partie grâce à eux qu’Abbie va, de nouveau, parvenir à prendre son envol. On ne les perçoit, par conséquent, plus tout à fait de la même façon en refermant le livre.
Le chemin est parsemé d’embûches mais c’est en se sentant accompagnée par des personnages célèbres comme Blaise Cendrars (qui a vécut une expérience un peu similaire) et sa famille qu’elle va de nouveau entrapercevoir la lumière.
La plume de Marie Pavlenko est efficace et j’ai trouvé qu’il s’agissait d’une jolie histoire poétique et émouvante (même si j’aurais aimé quelques frasques supplémentaires de la tante Coline, une sorte de Bridget Jones parisienne BCBG).
On apprend, en postface du roman, que l’autrice – Marie Pavlenko – s’est un peu inspirée d’un accident qu’a subit sa mère pour écrire cette histoire, ce qui lui donne un accent plus authentique et émouvant encore.
En bref : Un roman jeunesse de réapprentissage qui délivre un joli message d’espoir et d’amour et qui permet de prendre du recul lorsqu’on broie du noir.
Le petit bonus : Marie Pavlenko a composé une playlist à écouter lors de la lecture de son roman. J’apprécie tout particulièrement ces expériences immersives qui permettent de prolonger la lecture et de mieux appréhender l’univers de l’auteur/autrice : https://play.soundsgood.co/playlist/un-si-petit-oiseau-2
Je remercie une nouvelle fois Marie Pavlenko pour sa gentillesse et son humour au cours de cette rencontre!
Dans la postface de votre roman « Un si petit oiseau », vous racontez que votre mère a subit un accident assez similaire à celui d’Abbie qui a causé la perte de sa main. Pourquoi avoir fait ce choix d’une postface et pas d’une préface ?
Marie Pavlenko explique qu’elle a opté pour une postface car elle ne voulait pas donner l’impression d’une autofiction. Il s’agit bien d’une pure fiction qui est simplement née d’un besoin viscéral d’apprivoiser ce qui était arrivé à sa mère. En commençant « Un si petit oiseau », Marie Pavlenko n’était même pas sûre d’écrire une postface car elle craignait de créer une rupture avec cette irruption brutale de la réalité. Cependant, elle s’est résolue à le faire afin de donner une autre dimension à l’histoire. En outre, elle apprécie les oeuvres qui ont recours à ce processus (par exemple, les oeuvres de Victor Hugo ou encore Spike Lee qui, dans son dernier film, « Blackkksman » a recours à des images documentaires à la fin du film).
Quelle a été la réaction de votre mère quant vous lui avez annoncé que vous alliez écrire cette histoire et l’a-t-elle lu ?
Marie Pavlenko explique qu’en réalité c’est sa mère qui lui a, en quelque sorte, donné l’idée ainsi que l’autorisation d’écrire cette histoire. En effet, alors qu’elle était encore à l’hôpital, elle a fait de l’humour en disant à sa fille qu’elle pourrait faire un livre de cet accident. Inconsciemment, l’idée a germé, mais ce n’est que deux ans après qu’elle a décidé d’écrire « Un si petit oiseau ». Marie Pavlenko a décidé de faire lire le roman à sa mère une fois ce dernier terminé et elle a reçu un bon retour de sa part, ce qui l’a beaucoup encouragé.
Le processus d’écriture a-t-il été compliqué ?
Marie Pavlenko précise qu’elle a mis un certain temps à écrire ce livre (presque un an et demi) et qu’elle a complètement revu le style narratif après plus de six mois d’écriture. En effet, initialement, le roman était entièrement écrit à la première personne (du point de vue d’Abbie), mais cela donnait un ton trop plaintif à l’histoire et ne laissait pas de place aux personnages secondaires. Ainsi, Marie Pavelnko a décidé de reprendre l’histoire à la troisième personne et d’intégrer des passages du journal intime d’Abbie pour lui permettre de s’exprimer sur des émotions très personnelles. Marie Pavlenko souhaitait également que son histoire soit la plus authentique et « vraie » possible, aussi elle s’est mis un bras dans le dos pendant plusieurs semaines pour réaliser à quel point les tâches quotidiennes pouvait devenir compliquées. Elle a également reçu l’aide d’un ami, également victime d’une amputation, afin d’avoir son opinion sur des passages du roman relatant les difficultés rencontrées quotidiennement. Cela lui a permis de réaliser que nous étions dans une société réellement conçue pour les valides.
Malgré le thème difficile qui est abordé dans « Un si petit oiseau », il y a également de nombreuses touches d’humour. Est-ce que c’était un choix dès le début du roman ou cela est venu au cours de l’écriture ?
Marie Pavlenko explique qu’il s’agit d’un choix conscient de sa part, et ce depuis le début du processus d’écriture. En effet, il s’agit d’un thème éprouvant et écrire cette histoire qui lui faisait inévitablement penser à sa mère était dur pour elle, aussi il s’agissait d’alléger le roman. De manière générale, Marie Pavlenko aime instiller de l’humour dans ses livres car le rire est extrêmement puissant et rapproche beaucoup les gens (alors que paradoxalement la comédie n’est pas vraiment valorisée dans la littérature française).
La place de la nature et des oiseaux est très importante dans le livre, pouvez-vous nous en dire deux mots ?
Marie Pavlenko est, elle-même, passionnée par le monde naturel et tout particulièrement par les oiseaux. Elle a suivi plusieurs formations à ce sujet et se rend régulièrement en montagne pour les observer. Cela faisait donc déjà un certain temps qu’elle souhaitait une histoire qui mettent en avant ces animaux. Il lui a semblé que l’histoire d’Abbie était la bonne pour plusieurs raisons. D’une part, car d’un point de vue très symbolique les oiseaux représentent la liberté qu’Abbie pense avoir perdu. D’autre part, introduire la nature dans le roman permettait d’apporter une touche de bienveillance envers le vivant. Il est, en outre, prouvé que la nature a de réels bienfaits thérapeutiques.
Les livres de Blaise Cendrars vont beaucoup aider Abbie dans son processus de reconstruction. Est-ce un auteur que vous appréciez particulièrement ?
Marie Pavlenko désirait faire un lien avec la littérature qui occupe, évidemment, une place fondamentale dans sa vie et qui peut également présenter de réelles vertus thérapeutiques. Elle cherchait donc un auteur qui aurait subi un traumatisme comparable à celui d’Abbie et c’est son compagnon qui lui a soufflé l’idée de Blaise Cendrars. Marie Pavlenko s’est alors beaucoup renseigné sur cet auteur, a lu ses romans et a regardé des documentaires sur son histoire. Elle a été impressionnée par la force de caractère de cet homme et a aussitôt décidé de le mettre à l’honneur dans son roman.
Pourquoi avoir décidé d’opter pour un roman jeunesse ?
Marie Pavlenko aime écrire pour la jeunesse. Pour cette histoire, elle souhaitait tout particulièrement que sa protagoniste soit une jeune femme aux confluents de sa vie (quittant l’adolescence pour la vie adulte), car cela donnait un tout autre impact à son tragique accident. De plus, Marie Pavlenko trouve que le lectorat des 15-25 ans est passionné et passionnant.
Quels sont vos projets en cours ?
Actuellement, Marie Pavlenko écrit deux livres pour un jeune public (plus jeune que celui auquel s’adresse « Un si petit oiseau »). Elle ne peut pas en dévoiler trop, seulement qu’un des projets sera plein d’humour, tandis que le second sera plus « sombre » et sérieux.
Vous connaissez cette autrice ? Etes-vous tentés par la lecture de ce roman ?