Raison de cette soudaine poussée d'humanisme : La situation "intolérable" dans laquelle se trouverait le joueur vedette de la sélection portugaise et de Manchester United, Cristiano "gravure de mode" Ronaldo. Pauvre bonhomme. Voilà l'un des meilleurs footballeurs de la planète, sous contrat jusqu'en 2012 avec les Red Devils, qui soudain, courtisé à grand renfort de pépettes par le Real Madrid, ne pense plus qu'à troquer sa tunique rouge contre la fameuse camisa blanca. Pas de quoi émouvoir Sir Alex Ferguson, saint patron de Manchester, Ecossais à la tête de granit que les humeurs du godelureau gominé idole des lusitaniennes acnéiques laisse de marbre.
Emotion de Joseph "Sepp" Blatter. Touché par la détresse du canard plongeur portugais, le président de la FIFA qualifie même sa situation d"'esclavagisme moderne". Carrément ! Cristiano Ronaldo, Kunta Kinté et l'Oncle Tom, même combat… Taxé d'esclavage la situation d'un gandin qui émarge tout de même à 650 000 euros mensuels pour gambader sur les vertes prairies d'Old Trafford, il fallait oser… Mais les Suisses ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît. Si au moins le boss international du ballon rond avait pris la peine de consuter Lilian Thuram, conscience politique du football français, avant de se lancer dans des comparaisons hasardeuses, mais même pas !
Devant cette tarte à la crème dégoulinante de connerie, il y a de quoi se pourlécher les babines. Les politiques du ballon, qui demandent si souvent aux spectateurs de mesurer leurs propos, feraient bien d'appliquer à eux-mêmes cette sage recommandation. Cela dit, mon vieux Sepp, nous sommes au moins d'accord sur un point. Les contrats entre les clubs et leurs joueurs sont juste bon à torcher les culs rebondis des enfants gâtés du ballon. À en juger par l'attachement des nouvelles idoles en crampons à leurs couleurs, des engagements d'une saison seraient aujourd'hui amplement suffisants.