Qui dira l’absolu besoin d’arbres pour la ville ? Qui dira l’absolu désir d’arbres pour la ville ? Qui saura dire que les arbres de la ville portent la vie ?
S’agissant des auteurs de cette installation, toutes les hypothèses sont permises. On les dira rêveurs de l’inutile, forcément bientôt trentenaires. « Ne savent pas quoi faire pour s’amuser », vont soupirer esprits grognons et bien-pensants abasourdis devant l’insolite simplicité du message. Au passage d’une dame tirée par son caniche, on entend « …ferait mieux de travailler ». Ces cœurs croisés sont une invitation à la dérive imaginaire. On louera simplement la beauté de leur anonyme et joyeux geste, celui de montrer publiquement un message à unique destinataire. La ville a besoin de ces bricoleurs de l’incertain qui reconnaissent que les arbres peuvent servir de messagers. Un grand merci pour cet instantané et ce condensé de ferveur qui réveillent l’humanité que chacun n’a plus le temps de manifester. Quand les édiles n’ont de cesse de faire couler le béton qui va si bien à leurs ambitions, les petites initiatives se dévoilent et s’imposent comme un clin d’œil jubilatoire.
De la surprise née de ces cœurs aux vents, vient une petite morale, comme dans les chansons populaires. Vous voulez faire rêver votre compagne/compagnon, conjoint/conjointe etc. ? Finies les désignations métaphoriques ordinaires ou prétentieuses. Chacun devient « Mon autre » qui devient « Ton autre » qui devient…. Appellations contrôlées. C’est une belle trouvaille lexicale qui laisse raisonner une philosophie de l’ardeur et une touche décalée liée peut-être aux mobilités contraintes par les jeux et les enjeux des carrières qui n’en finissent pas de débuter. Label alternatif, Lara Fabian hors texte ! Les marchands et merchandiseurs de la Saint-Valentin n’y avaient pas pensé, trop occupés à écouler leur pacotille. On attend la suite.