Il y a des événements historiques qui m’aimantent et j’apprécie lire des romans autour d’eux. C’est le cas par exemple de la catastrophe de Tchernobyl qui eut lieu le 26 avril 1986 en Ukraine, au sein de l’Union soviétique. C’est en partie le sujet de Tout ce qui est solide se dissout dans l’air de Darragh McKeon.
On suit dans ce livre plusieurs personnages qui vont être touchés de très près ou de très loin par la catastrophe. Cette famille paysanne qui vit à une dizaine de kilomètres de la centrale. Ce chirurgien qu’on va envoyer là-bas et qui s’effare du manque de précautions prises, des mensonges. Cette ancienne journaliste, qui est aussi l’ancienne épouse du précédent personnage, qui a toujours voulu au fond d’elle savoir ce qui se passait réellement dans son pays et répandre les informations. Son neveu de neuf ans, un peu chétif mais vrai prodige au piano.
Tous les personnages sont attachants, et on découvre leur passé dans un très habile jeu de retours en arrière, de souvenirs. Leur identité, leur histoire se construisent sous nos yeux et le lecteur prend beaucoup de plaisir à suivre leur évolutions. A titre personnel, j’étais vraiment intéressée par la catastrophe de Tchernobyl en soi, ses conséquences : les maladies qu’elle a engendrées, les irradiations partout et sur tout, les décisions dangereuses du Parti juste pour garder la face. Vu tout ce que j’ai appris dans les pages de ce roman, j’ai été d’autant plus passionnée, avide de savoir, à tel point que les autres pages sur les autres personnages qui sont vraiment moins touchés par l’accident… eh bien, ça m’ennuyait presque de les lire.
La langue de McKeon est sublime, quelle belle plume ! Ses personnages sont forts et il maîtrise à la perfection son intrigue, sa narration et son rythme. J’ai découvert avec ce roman un auteur très talentueux qui m’a fait découvrir mille choses sur la vie en Russie à cette époque précise. La fin du livre n’est pas à mon goût, mais c’est très personnel. Dans tous les cas, il est certain que ce livre est une pépite et je ne peux que vous le conseiller !
(Décidément, je fais vraiment de bonnes lectures cette année!)
Darragh McKeon, Tout ce qui est solide se dissout dans l’air, traduit de l’anglais (Irlande) par Carine Chichereau, aux éditions Belfond, 22€.