Le latin, une langue morte ? Philippe Cibois (suivre le lien "La question du latin" dans la colonne de droite) démontre le contraire. À condition de ne pas enfermer le latin dans les déclinaisons, ni dans les traductions ex abrupto de textes de Cicéron… Tiens, je viens d’écrire ex abrupto. Le latin est présent dans notre langue. Il est aussi, depuis des siècles la langue des scientifiques. Certes, et notamment depuis la guerre 1914-1918, l’anglais domine dans les échanges internationaux. Y compris dans les sciences. Mais la nomenclature des plantes et des animaux est encore latine. C’est Linné, au XVIIIe siècle, qui met au point ce système : un mot pour le genre (catégorie large), un mot pour la spécificité, un mot pour le vocabulaire ordinaire. Cette façon de nommer, qui autorise la latinisation de certains mots, s’est étendue, après Linné, à d’autres domaines scientifiques : chimie, biologie, météorologie… L’usage a accepté que les descriptions soient faites dans les langues propres aux chercheurs, mais les noms sont restés latins. Et même Pierre Bourdieu, qui considérait le latin comme un moyen de distinction sociale, utilisa nombre de mots, soit directement latins (par exemple ad hominem), soit fabriqués selon des règles latines (par exemple homo academicus gallicus).
Oui, le latin est toujours présent dans le français. Nous le savons depuis les cours d’écoles (arriver ex aequo), la recherche d’emploi (où on rédige son curriculum vitae) et dans les commentaires sur l’actualité (qui déniche ici ou là un casus belli). Et, bien que les initiales aient transité par l’anglais, R.I.P. nous vient aussi du latin (requiescat in pace).
Philippe Cibois a relevé chez Pierre Bourdieu un certain nombre de mots latins. En voici quelques-uns : a contrario, a fortiori, a posteriori, a priori, alea, deus ex machina, ego, ex nihilo, modus operandi, post-scriptum. La liste est plus longue dans le livre.
Je ne sais pas s’il existe encore des dictionnaires où, séparant les noms communs et les noms propres, quelques pages roses faisaient la liste d’expressions ou de citations latines. Je vous propose d’en chercher quelques-unes et de poster, dans les commentaires ci-dessous, des phrases en contenant au moins trois.
Exemple : On ne sait pas si le monde a été créé ex nihilo, mais les cumulus ne le sont certainement pas qui désespèrent Georges Brassens, contraint de dire un de profundis à ses amours d’un soir d'orage.
C'est à vous main tenant. Postez vos phrases truffées de mots latins dans les commentaires ci-dessous. Merci.